Remaniement, sang neuf, élections législatives... Nabil Benabdallah fait sa rentrée politique

Le 2 septembre, le patron du PPS était l’invité de l’émission L'Info en face du quotidien Le Matin.

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Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du PPS. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Remaniement ministériel, la notion de “sang neuf” invoqué par le roi dans son discours de juillet, les tensions au sein du gouvernement ou encore les prochaines élections législatives étaient au menu lors du passage de Nabil Benabdallah ce lundi dans l’émission L’info en face du quotidien Le Matin.

Alors que la rentrée politique s’annonce pleine de suspens avec un remaniement ministériel en vue, le secrétaire général du PPS se dit confiant. “Au PPS, nous abordons les choses avec optimisme. Nous avons appelé depuis notre dernier congrès à insuffler un nouveau souffle politique national et ce qui a été énoncé dans les derniers discours royaux va dans ce sens”, dit-il en prélude.

Concernant le sang neuf réclamé par le roi lors de son discours de la fête du Trône, Benabdellah estime que “le changement de têtes et de compétences c’est bien, mais (…) il s’agit surtout d’impulser de la vigueur aux politiques publiques. Nous avons besoin de redonner de l’élan aux forces politiques”.

Selon lui, pour mener l’action gouvernementale à bien, il est nécessaire de valoriser le champ politique. “Quand les médias publics invitent de soi-disant politologues à chaque fois qu’une question négative est abordée, on impute la responsabilité aux partis politiques alors que le point négatif est attribué ailleurs. Si on veut que le champ politique soit fort, il faut l’autonomiser, le laisser tranquille, grandir et se mouvoir lui-même afin d’avoir des forces politiques crédibles et fortes”, explique le patron du parti au livre.

PPS quittera-t-il le gouvernement ? “Tout est possible”.

Qu’en est-il de l’imminent remaniement ministériel ? Nabil Benabdallah répond vaguement :  “je pense que c’est en train de se préparer”. “J’ai discuté avec Saad Eddine El Othmani. Il est possible que la structure du gouvernement soit revue”, poursuit-il.

Le chef du PPS assure que ce qui importe le plus à son parti, c’est de se poser des questions fondamentales sur l’essence même de cet Exécutif : “quel projet politique ? Pour quelles actions ? Mais aussi quid de la place du PPS dans ce gouvernement ? Si nous sommes en mesure de garder une place suffisamment importante afin d’influer sur le cours des choses (…), c’est tant mieux. Mais si c’est pour garder un strapontin au gouvernement, je pense que cela sera discuté au sein du parti”. Nabil Benabdallah n’exclut pas non plus une sortie de ce gouvernement. “Tout est possible”, affirme-t-il.

Pour le moment, on ne m’a rien demandé au sujet d’Anas Doukkali”, répond Benabdallah, interrogé sur le sort du ministre PPS de la Santé. “C’est un secteur très difficile et sensible. Il y a beaucoup d’attentes et de carences, et aujourd’hui, tout est sous les faisceaux de lumière”, poursuit le patron du PPS, qui assure que chacun des ministres PPS a “correctement assumé” les fonctions qui lui ont été confiées.

Nabil Benabdallah a également mis l’accent sur la finalité politique du prochain remaniement voulu par le roi. “Le remaniement est le couvercle, c’est l’aspect apparent des choses. C’est bien si ça peut donner de la vigueur, mais [seulement] si ça part d’une volonté de refonder le politique conformément à la constitution de 2011 qui consacre notamment le rôle des politiques”, métaphorise-t-il.

Velléités d’Akhannouch sur la Santé, élections législatives et alliances

L’ancien ministre de l’Habitat est aussi revenu sur les récentes tensions constatées au niveau de la coalition gouvernementale. Selon lui, le gouvernement conduit par El Othmani a “souffert” de “tiraillements internes, crêpages de chignons, querelles de paternité politique, volonté d’aller chercher des poux à d’autres partis politiques dans la gestion de leur secteur”.

Il ne manque pas de tacler Aziz Akhannouch, qui avait déclaré avoir l’ambition du RNI de reprendre le ministère de la Santé, portefeuille PPS. “S’il a cette aspiration, c’est son droit le plus absolu. Mais je ne pense pas qu’il serait très content si je me hasardais à dire que nous souhaitons gérer le secteur de l’agriculture. Ce genre de petite querelle ne m’intéresse pas. Ce qui nous intéresse, c’est de porter des idées, et que le gouvernement puisse aller vers les citoyens. Il faut aller vers les gens !”.

Au sujet des prochaines élections législatives et d’une éventuelle victoire ou défaite du PJD, il répond : “je ne suis pas un devin ni Madame Soleil. Le PJD, heureusement ou malheureusement – c’est selon où on se situe –, continuera à être là jusqu’en 2021. Au niveau du PPS, souhaitons que le mouvement démocratique soit porté par des forces historiques et qui ont du crédit avec les Marocains”. Quid des alliances ? “Nous allons annoncer nos alliances avant les élections de 2021, mais en fonction des prochains développements de la scène politique. Et il n’y a pas que le PJD ou le RNI pour former des alliances, il y a aussi l’Istiqlal…”, souligne Benabdallah.

À la fin de l’entrevue, Nabil Benabdallah conclut son intervention en appelant, face à la caméra, les citoyens à “réinvestir le champ politique”.