1,6 million de boites de Levothyrox attendues d'ici novembre...les pharmaciens dans l'expectative

Le 23 août à Beni Mellal, le ministre de la Santé a voulu rassurer quant à la situation de pénurie de Levothyrox sur le marché national. Anas Doukkali a annoncé un arrivage de 1,6 million de boîtes entre août et novembre. Mais du côté des pharmaciens, l'attente s'annonce longue.

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Après plusieurs semaines de panique suscitées par la carence du médicament Levothyrox, le ministre de la Santé Anas Doukkali est venu rassurer en annonçant un réapprovisionnement de 1,6 million de boîtes d’ici au mois de novembre. Le ministre a également annoncé qu’un réapprovisionnement de 240.000 boîtes de Levothyrox était arrivé au Maroc le 22 août dernier.

Combler les manques

Cette commande vient s’ajouter aux 500.000 boîtes qui ont déjà été mises sur le marché entre le 15 juillet et le 8 août et qui correspondent à presque 2 mois de consommation mensuelle au Maroc. En général, la consommation mensuelle marocaine se chiffre autour de 300.000 à 320.000 boîtes”, nous informe Jamal Taoufik, directeur du médicament et de la pharmacie au ministère de la Santé. Il poursuit : “les prévisions d’importations sont très importantes. Nous avons entre 400.000 et 600.000 boîtes qui arriveront chaque mois lors des trois prochains mois. Donc il n’y a strictement aucune pénurie”.

Les patients utilisant ce médicament,  prescris pour le traitement des problèmes liés la thyroïde, avaient connu depuis le début du mois de juillet des problèmes d’approvisionnement dans les différentes pharmacies du pays. Dans un communiqué diffusé le 16 juillet, le département d’Anas Doukkali confirmait alors cette pénurie expliquée par “des difficultés en approvisionnement au niveau mondial dues à la hausse de la demande durant cette année”.

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Aux origines de la pénurie

Suite à ce communiqué ministériel, Jamal Taoufik nous confiait que ces “difficultés d’approvisionnement” étaient dues à “ une augmentation de la consommation au niveau mondial” signalée par le laboratoire fabriquant le médicament, Cooper Pharma. L’entreprise faisait alors état de difficultés d’approvisionnement d’un dosage de Levothyrox, celui de 200 µg. Le représentant du ministère de la Santé rappelait également que les autres dosages disponibles sur le marché, à savoir les 25, 50 et 100 µg, étaient quant à eux, commercialisés normalement.

La pénurie est créée par le mode de consommation des citoyens […] Les chiffres prouvent que l’approvisionnement est fait en quantité suffisante. D’ailleurs, nous faisons des inspections pour vérifier que ces chiffres sont bien réels. Les gens sont simplement paniqués. Ils se précipitent et stockent, ce qui fait que mathématiquement, 10% des gens ont le produit et 90% ne l’ont pas. Qui plus est, c’est un produit qui est peu onéreux, les gens peuvent se permettre de le stocker et c’est une très mauvaise habitude”, explique le directeur du médicament et de la pharmacie au ministère de la Santé.

A ce titre, une circulaire datée du 22 août a été transmise aux pharmaciens marocains:

Les pharmaciens voient rouge

C’est simple, on ne reçoit quasiment plus de Levothyrox de la part de nos grossistes. Ça se chiffre entre 1 et 3 boîtes de chaque dosage tous les 10 jours. J’en commande chaque jour et c’est en rupture permanente. Aujourd’hui, j’ai passé ma commande, comme tous les matins et c’était en rupture”, déplore une pharmacienne contactée par nos soins.

Une de ses consœurs sur Casablanca atteste que “le produit est en rupture quasi totale. Il y a une note du ministère qui annonce une livraison très prochainement, mais les boîtes arrivent de façon sporadique”.

Un responsable d’un syndicat marocain dans le milieu pharmaceutique témoigne: “j’ai des patients qui viennent chaque jour me demander ce produit qui, je le rappelle, est de première importance. Il n’y a pas de générique au Levothyrox et les patients ne peuvent pas s’en passer. Je peux vous assurer que nous l’avons au compte-goûte. 4 ou 5 boîtes par semaine. Il y a des effets d’annonce ministériels, mais ces boîtes nous ne les voyons pas. Aujourd’hui le ministère veut faire passer la faute sur les pharmaciens d’officine qui donneraient trop de boîtes aux patients”, insiste-t-il.