Benkirane, Benamrou, Raissouni… Un front contre la “francisation de l’éducation”

Au lendemain de l’adoption du projet de loi-cadre de l’enseignement à la Chambre des conseillers, une vingtaine de personnalités politiques et académiques s’insurgent contre “la francisation de l’éducation nationale”. Parmi eux, l’ex-chef du gouvernement Abdelilah Benkirane et l’ex-bâtonnier Abderrahmane Benamrou.

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Yassine Toumi/TELQUEL

Le débat sur la loi-cadre de l’enseignement n’est pas encore clos. Alors que le projet de loi-cadre n°51.17 a finalement été adopté par les deux chambres du parlement, voilà qu’une vingtaine de personnalités – politiques et académiciens – rejettent son contenu. Parmi eux, l’ex-chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, l’ex-bâtonnier Abderrahmane Benamrou et l’ancien président du Mouvement unicité et réforme (MUR), Ahmed Raissouni.

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Dans un communiqué publié à l’issue d’une rencontre tenue, le 7 août chez l’Istiqlalien M’hamed El Khlaifa – ayant appelé tous les élus de son parti à voter contre le projet de loi-cadre –, les 23 signataires rejettent les articles 2 et 31, à l’origine du blocage, brandissant comme argument d’autorité, l’article 5 de la Constitution en vertu duquel “l’arabe demeure la langue officielle de l’État” qui doit œuvrer à “sa protection et son développement”.

Pour les signataires, les deux articles relatifs à l’alternance linguistique et l’enseignement des matières scientifiques “menacent les constantes de la nation, son identité et son existence tout au long de l’histoire”, pointant du doigt le “grand recul sur l’un des fondements de l’État et son intégrité tels qu’exprimés par les luttes du peuple marocain et les écrits des figures du Mouvement national et leur littérature”.

Les auteurs du communiqué voient en ces deux  articles une “légifération”ayant pour but “d’imposer l’enseignement en langue française”. De quoi permettre, estiment-ils, “une expansion de la francophonie dans le système d’éducation, de formation, et, le plus dangereux, dans tous les aspects de la vie publique dans notre pays”.

Le communiqué fustige par ailleurs les mesures “préventives unilatérales” prises par le ministère de l’Éducation nationale pour avoir “généralisé l’enseignement en français” du baccalauréat et la 3e année collège, ainsi que les matières scientifiques au primaire. Ce qui est considéré, à leurs yeux, comme “une violation flagrante de la Constitution et des références nationales”.

Les auteurs avertissent ainsi des “dangers entourant la langue arabe”, alors qu’on mène une “quête ambigüe, incompréhensible et scientifiquement infructueuse afin d’imposer un enseignement en langues étrangères dans l’Éducation nationale, loin des connaissances scientifiques et l’étude objective des moyens de promouvoir l’école marocaine”.

Tout en réitérant leur détermination à “résister à toutes les tentatives de la francisation” et leur “volonté collective de s’engager dans toutes les formes de luttes pour freiner ce dangereux recul qui menace la nation”, les signataires appellent le peuple marocain à “être vigilant contre toutes les menaces qui pèsent sur l’avenir de sa langue, de son identité, de sa civilisation et de son histoire glorieuse, et à ouvrir cette initiative à toutes les personnalités et à tous les organismes nationaux qui souhaitent y contribuer et s’y engager”.