Le ministère annonce des rattrapages que les étudiants comptent boycotter

Le ministère de l’Education nationale a annoncé dans un communiqué diffusé le 4 août que les examens de la session de rattrapage pour les étudiants des facultés de médecine, de médecine dentaire et de pharmacie se dérouleront du 4 au 30 septembre prochain. Une décision « nulle et non avenue » pour les représentants des étudiants.

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Marche des étudiants en médecine, en juin 2019. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Alors que les négociations avec les étudiants en médecine n’ont pas abouti à une sortie de crise, le ministère de l’Enseignement supérieur a annoncé le 4 aout que les examens de rattrapages de la session largement boycottée en juin aurait lieu du 4 au 30 septembre prochain.

« Ces examens auront lieu selon le calendrier établi et affiché par les facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire, appelant les étudiants à rejoindre leur établissement pour passer cette session », indique le communiqué du ministère de l’Education nationale. Selon le même document, les facultés concernées ont pris toutes les dispositions nécessaires afin que ces examens puissent se dérouler dans les meilleures conditions.

Cette décision intervient après un mois de négociations, non abouties, entre la Coordination nationale des étudiants en médecine (CNEM) et la commission interministérielle. Cette dernière avait été mise en place début juillet pour tenter de faciliter le dialogue entre le gouvernement et les étudiants en médecine et trouver une issue à cette crise qui dure depuis plus de cinq mois.

Une décision « nulle et non avenue »

« Il s’agit d’une décision insensée », réagit Ilyass Khatib, membre de la CNEM. Il poursuit : « Comment peut-on passer une session de rattrapage alors qu’aucun étudiant n’a passé la session normale ». En plus, « on ne peut pas passer des examens sans recevoir des cours théoriques ni pratiques », a-t-il tonné en référence aux cours boycottés depuis mars.

Cette décision est également considérée par le membre de la CNEM comme une énième tentative de persuader « par la contrainte » les étudiants en médecine de reprendre le cours normal des études. Pour Ilyass Khatib, elle est « tout simplement nulle et non avenue. Il reste un mois avant la date annoncée par le ministère, et nous espérons que cette période permettra aux responsables politiques de trouver une vraie solution ».

Pour le CNEM, la seule issue possible à cette crise est de parvenir à un accord qui préserve les intérêts de toutes les parties prenantes. « La commission interministérielle s’est penchée sur plusieurs problèmes relevés par les étudiants en médecine sans toucher à leurs principales revendications, à savoir la suppression de la 6e année d’études en médecine dentaire jusqu’à ce que les conditions de formation durant cette dernière année soient dévoilées et l’interdiction d’accès aux étudiants des universités privées de passer le concours de résidanat dans les structures publiques », souligne Ilyass Khatib. Et d’ajouter : « Au cas où un accord se dégagerait de la prochaine session de négociation avec la commission interministérielle, il doit être entériné et approuvé par les différentes parties prenantes ».

« Nous avons fait une série de concessions pour régler un certain nombre de points, jugés secondaires, et nous sommes prêts à en faire davantage. Maintenant la balle est dans le camp du gouvernement qui doit cesser son bras de faire et penser à l’avenir du pays, des citoyens, et des étudiants marocains, à travers des décisions plus éclairées », poursuit le membre de la CNEM.

Quid du futur

« Nous n’avons pas de visibilité sur l’avenir », précise Ilyass Khatib. Pour lui, le boycott de cette session de rattrapage est une éventualité fortement envisageable et qui aura des répercussions négatives sur l’ensemble des parties prenantes. « Actuellement on parle d’un semestre blanc, mais si on décide de boycotter la session de rattrapage ça sera une année blanche, », explique le membre de la CNEM.

Après la suspension temporaire des négociations entre la commission interministérielle et la CNEM jusqu’en septembre prochain, à cause des vacances ministérielles, les représentants des étudiants en médecine ont annoncé, le 29 juillet dernier, une marche nationale le 1er septembre. Son objectif ? « Montrer au gouvernement que nous sommes décidés à envisager toutes les options possibles jusqu’à ce qu’on obtienne une réponse satisfaisante du gouvernement », conclut notre interlocuteur.

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