Le 23 juillet 1999 au soir, le monde entier assiste, incrédule, à une hystérie collective qui saisit tout un pays. La mort de Hassan II, monarque craint, admiré, aimé ou haï, semble rejouer un cérémonial primitif où mise à mort, repas totémique et culpabilité se mêlent.
Paradoxalement, les semaines qui suivent voient le démantèlement de pans entiers de l’ancien règne. En août est créée une commission royale d’indemnisation des anciens prisonniers politiques ; le 13 septembre, Abraham Serfaty retourne triomphalement d’exil ; en octobre la première tournée provinciale du roi le voit dans le Rif – dont le rapport à l’ancien souverain fut pour le moins litigieux ; le 9 novembre, Driss Basri est révoqué de son ministère de l’Intérieur…
Le changement de règne ressemblerait-il à un changement de régime ? En réalité, il s’agit dans un premier temps d’un réaménagement symbolique : les signifiants-maîtres de la légende noire, Ben Barka, Oufkir, Skhirat, Tazmamart sont exposés. La première décennie du règne de Mohammed VI est toute consacrée, films, romans et témoignages aidant, à réarranger un héritage symbolique profondément blessé.
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