L’amour des mots, des soirées exubérantes et des belles choses anime Hajib depuis les années 1980. Sa voix stratosphérique, sa maîtrise du répertoire oral prolifique des âyoutes, sa gestuelle élégante digne d’une diva mais aussi ses chemises en satin, clinquantes ou fleuries, ont fait de lui l’un des principaux porte-étendards de la aïta.
Un art exceptionnel, qui incarne une liberté et une joie de vivre révolues, trop longtemps méprisé par une certaine élite marocaine. “Hajib a côtoyé les grands de la aïta et perpétué cette grandeur”, résume l’octogénaire Cheikha Dona, autre chanteuse mythique de aïta.
Discret, le cheikh fuit les médias, mais, exceptionnellement, il nous ouvre les portes de sa villa à Rabat et de sa mémoire, pour retracer sa vie, son œuvre et partager son amour inconditionnel pour cette forme de chant.
Cet amour-là se manifeste dès sa tendre enfance, dans la commune de Yacoub Al Mansour à Rabat. “A l’époque, on ne ratait pas l’occasion pour faire la fête. C’était très important chez nous, et mon père tenait à faire les choses dans les règles de l’art”,...