Publicité ramadanesque : la HACA rappelle les chaines publiques à l'ordre, mais...

Dans un communiqué diffusé le 24 juillet, la HACA signale des “manquements” des chaînes nationales durant la période de ramadan. Le document rappelle toutefois que ces chaînes sont dans une situation financière délicate.

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Latifa Akharbach a notamment dénoncé la “normalisation aberrante de l’atteinte à l’intégrité des femmes dans les médias”. Crédit: MAP

C’est devenu une tradition après chaque ramadan. Dans un communiqué diffusé le 24 juillet, la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) annonce avoir relevé “plusieurs manquements relatifs aux conditions d’insertion des messages publicitaires” durant le mois de ramadan. Ces dépassements sont néanmoins “moins importants que ceux relevés les années précédentes”, précise le communiqué.

Cependant, fait inédit, la HACA modère ses propos. “Il apparaît, à la lumière de l’expérience passée et des données disponibles concernant la situation économique des opérateurs, que la question des dépassements publicitaires, lesquels sont généralement relevés sur les chaînes de télévision éditées par les sociétés nationales de l’audiovisuel public, ne peut être résolue que par le biais des sanctions”, reconnaît la HACA.

Ce problème questionne la réalité des modes de financement des sociétés nationales de l’audiovisuel public et leur modèle économique, le niveau de dépendance à la ressource publicitaire atteint par ces sociétés est inconciliable avec l’importance des obligations inhérentes à leur mission de service public”, peut-on lire dans le communiqué.

La carotte et le bâton

Ce communiqué peut être considéré comme une mise en demeure”, nous explique une source au sein de la HACA. “L’autorité fait un constat : celui de dire que les chaînes nationales sont à la recherche d’un modèle économique et qu’elles profitent de cette période du ramadan pour augmenter leurs recettes publicitaires”, poursuit notre interlocuteur. Cependant, “ce n’est en aucune manière une tentative de les dédouaner. Elles n’ont pas respecté la réglementation et il faut les rappeler à l’ordre”, nous explique encore notre source.

La période du ramadan profite tout particulièrement à la deuxième chaîne. Rien que pour la première semaine du ramadan, 2M a raflé 50,6% de parts d’audience. Des scores qui montent jusqu’à 61,6% en prime time. Autant de rentrées publicitaires qui viennent renflouer les caisses de la chaîne, et ce malgré le risque de sanctions.

L’année dernière la HACA a infligé à la chaîne d’Aïn Sebaâ une amende de 3 millions de dirhams. Alors qu’en 2014, la sanction était de 1,5 million de dirhams pour des dépassements publicitaires. D’après les estimations, cette sanction serait équivalente aux revenus du dépassement d’une seule journée ramadanesque.

Des recettes vitales pour la survie de SOREAD-2M. En 2014, la publicité représentait “93% des ressources de la SOREAD-2M et 10% de celles de la SNRT”, selon le rapport de la Cour des comptes sur le paysage audiovisuel national. Fin 2017, le résultat net de la deuxième chaîne était déficitaire de 589 millions de dirhams. Les subventions publiques pour 2018 s’élevaient à 54 millions de dirhams. Quant à la SNRT, elle a réussi à atteindre l’équilibre financier grâce “à une bonne gestion interne”, nous dit-on du côté du groupe public, en engloutissant au passage 1,5 milliard de subventions l’année dernière.