A l'approche des vacances, le bras de fer perdure entre la RAM et les bagagistes

Depuis mi-avril, les conflits sociaux se multiplient entre la filiale RAM Handling et son prestataire General Private Interim en charge des bagages. Résultats: des retards conséquents dans la livraison des valises des touristes qui donnent lieu à des scènes surréalistes.

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L'aéroport Mohammed-V de Casablanca. Crédit: AIC Press

Depuis mi-avril, un conflit entre Royal Air Maroc et son prestataire bagage General Private Interim handicape régulièrement la gestion des bagages des passagers. La raison: les deux entreprises s’accusent mutuellement de ne pas respecter les termes du contrat qui les lie. D’un côté la RAM reproche à GPI de volontairement ralentir le service et de mener des “grèves de zèle”. De l’autre, GPI estime que la compagnie aérienne lui impose un planning surchargé sans rémunération supplémentaire.

Une grève dans la durée

Les revendications demeurent inchangées depuis le 15 avril dernier alors que la gestion des bagages dans les vols nationaux et internationaux des 18 aéroports du Royaume souffre de retards chroniques qui affectent les usagers. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, on peut ainsi voir des passagers excédés se rendre eux-mêmes sur le tarmac pour réceptionner leurs propres valises.

Je suis rentré à Casablanca la semaine dernière. Ils ont mis deux heures à nous délivrer nos bagages. Un membre du personnel de l’aéroport nous a dit qu’il s’agissait d’une grève des bagagistes”, déplore un touriste.

L’ambassadeur du Royaume-Uni au Maroc, Thomas Riley, a également souffert de ces retards comme en témoigne une publication Twitter du 26 juin supprimé depuis. “Le vol de la RAM avait plus d’une heure de retard au départ de Londres ce soir. Il a atterri à Casablanca il y a près d’une heure maintenant et nos bagages ne sont toujours pas arrivés. Ce n’est pas surprenant si les gens sont agacés”, avait écrit le diplomate .

En réponse à un autre tweet, il déclare : “J’ai appelé certains contacts à l’aéroport de Casablanca. Apparemment, le problème venait de l’avion de la RAM. Il semble que le pilote ait quitté l’appareil après avoir coupé les réacteurs ce qui a empêché le déchargement des bagages. Finalement, avec l’aide d’officiels à l’aéroport, la situation a été réglée et j’ai récupéré mon bagage 70 minutes après l’atterrissage ! ».  Cette deuxième publication a également été supprimée par le diplomate.

Quid de la version des officiels ?

Une source au sein de l’Office national des aéroports (ONDA) nous explique que “GPI ne se charge pas uniquement de la sous-traitante de la RAM. Le mouvement de grève de zèle (sans préavis) mené par GPI affecte également d’autres compagnies. La RAM captant la majorité du trafic sur l’aéroport Mohammed V, elle est la compagnie la plus impactée. Aujourd’hui, je peux assurer que la situation est revenue à la normale. Il y a des pourparlers en cours pour la signature d’une convention de paix sociale visant à apporter des solutions sur ce conflit”. Une situation à surveiller. Début mai déjà, une cessation du mouvement de grève avait été annoncée dans la foulée de négociations.

Le contrat qui lie GPI à la RAM court jusqu’en septembre. La compagnie aérienne a d’ailleurs émis un appel d’offres au début du mois de juin pour trouver le futur prestataire qui sera en charge de la sous-traitance des bagages. Contacté par TelQuel une autre source au sein de l’ONDA nous explique que “le service de handling qui regroupe l’enregistrement, et le portage des bagages est géré par 3 compagnies. Swissport, Goundforce et Ram Handling. Chaque société est libre de sous-traiter les activités qu’elle souhaite, notamment le portage. GPI est la société qui est sous-traitante de RAM Handling. Les deux autres sociétés par exemple utilisent des prestataires et ne connaissent aucun mouvement de grève. Mais comme la RAM possède 80% de part de marché sur le handling sur l’aéroport Mohammed V, les répercussions sont colossales”.

ContactéGPI n’a pas répondu à nos sollicitations.