Le cas Lula réexaminé en pleine polémique sur "Lavage express"

La Cour suprême du Brésil s'apprêtait mardi à examiner une demande de libération de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, deux jours après des révélations sur la partialité de ceux qui l'ont condamné pour corruption.

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Manifestations en soutien à Lula devant la prison où l'ancien président brésilien est actuellement détenu. Crédit: AFP

Des articles explosifs du site The Intercept ont dénoncé dimanche des manoeuvres de responsables de l’enquête anticorruption « Lavage express » pour empêcher Lula de se présenter à la présidentielle de 2018, dont il était le grand favori. Selon des analystes, les révélations du site d’investigation ont accéléré le calendrier pour l’examen de la demande de libération de Lula, qui était initialement prévu au cours des prochaines semaines.

L’ex-président avait été condamné en première instance en 2017 par Sergio Moro, à l’époque juge chargé des dossiers de « Lavage express » et considéré comme le « Monsieur Propre » d’un Brésil rongé par la corruption. Le magistrat est devenu par la suite ministre de la Justice du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, élu haut la main lors du scrutin de l’an dernier.

Dans un Brésil très polarisé, des appels à la démission du ministre Moro se sont multipliés, notamment de la part d’éditorialistes des grands médias et des réseaux sociaux, où de nombreux internautes réclamaient par ailleurs l’expulsion du pays du journaliste américain Glenn Greenwald, cofondateur de The Intercept.

Des échanges sur la messagerie Telegram révélés par ce site d’investigation montrent que Sergio Moro, normalement tenu à la plus totale impartialité, a fourni conseils et directives aux procureurs de « Lavage express » en défaveur de Lula. Après ces révélations, les Brésiliens ne semblaient pas particulièrement choqués, tandis que le président Bolsonaro a tenu à afficher son soutien à son ministre, qui était à ses côtés mardi lors d’une cérémonie militaire à Brasilia.

Lundi, le secrétaire à la Communication de la présidence avait affirmé que le chef de l’Etat maintenait sa « confiance totale » en Sergio Moro. Cinq des 11 juges de la Cour suprême devaient se pencher à nouveau en début d’après-midi sur une demande de libération de Lula présentée par ses avocats. Selon des juristes, cette demande avait assez peu de chances d’aboutir.

L’ex-président de gauche (2003-2010) purge depuis avril 2018 une peine de huit ans et 10 mois de prison pour corruption et blanchiment d’argent. Accusé d’avoir reçu un appartement en bord de mer de la part d’une entreprise de bâtiment pour la favoriser dans l’attribution de marchés publics, il a toujours clamé son innocence, s’estimant victime d’un complot pour l’empêcher de revenir au pouvoir.