Le Maroc met la main sur un lieutenant d'un clan de la Camorra

Dans l'après-midi du mercredi 29 mai, un fugitif italien, proche d'un clan de la mafia napolitaine (la Camorra) oeuvrant dans le trafic de drogue entre l'Espagne et le Maroc, a été appréhendé par les autorités marocaines. L'homme, l'un des plus recherchés d'Italie, pourrait être extradé.

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Raffaele Vallefuoco fait partie de l’un des clans les plus redoutés de la Camorra. Il a été appréhendé par les éléments de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), en coordination avec le service préfectoral de la police judiciaire de Tanger, ce mercredi 29 mai. Il s’agit de l’un des cinquante fugitifs les plus recherchés d’Italie, sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la justice italienne ainsi qu’un avis de recherche d’Interpol.

Vallefuoco a été interpellé “sur la base d’informations fournies par les services de la DGST”, rapporte un communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale DGSN. Il a été immédiatement placé en détention préventive sur ordre du parquet. Une enquête judiciaire a été ouverte dans l’attente de l’approbation de son extradition par les autorités judiciaires italiennes. D’après différentes sources médiatiques italiennes, Raffaele Vallefuoco pourrait écoper de 30 ans de prison.

Avis de recherche des autorités espagnoles.Crédit: Guardia civil

Âgé de 56 ans, le malfrat a été localisé dans la ville de Tanger avant d’être interpellé. Selon le média Napoli Todayqui traite des régions du sud italien, l’opération a été “coordonnée par la direction napolitaine antimafia” tandis que l’arrestation à Tanger a été effectuée par les autorités marocaines  “avec le soutien des services de coopération internationale”.

Fidèle lieutenant

Raffaele Vallefuoco, 56 ans, est activement recherché depuis 2014 en Italie où il est accusé d’association criminelle de type mafieux. Il est aussi soupçonné d’avoir commis des actes criminels incluant le chantage à des hommes d’affaires, la violence, l’homicide volontaire et le trafic international de drogues et de psychotropes. Il est également connu pour être un des lieutenants les plus fidèles du clan Polverino.

Dirigé par Giuseppe Polverino – alias O’Barone – ce clan rattaché à la Camorra s’était engagé, dès les années 1990, dans le trafic de haschisch, principalement vers le sud de l’Espagne. De là, les Polverino, originaires de Marano au nord de Naples, gèrent un important trafic de drogue pour approvisionner le marché italien avec le haschisch marocain. Le clan a introduit en Italie entre 50 et 60 tonnes de haschisch en provenance du Maroc et de l’Espagne.

Pour s’agrandir, ce clan avait ainsi su profiter du déclin d’un autre groupe, les Nuvoletta, parmi les premiers de la Camorra à sévir en Espagne. Les Polverino se sont rapidement installés à Tenerife afin de contrôler les voyages fréquents avec le Maroc et l’acheminement vers Naples. Selon le quotidien catalan El Periodico, les Polverino réalisent également “d’importants bénéfices générés par le blanchiment d’argent dans les opérations immobilières”. Selon la police italienne, le clan Polverino contrôlait un empire d’une valeur d’un milliard d’euros.

Libéré pour vice de forme

Raffaelle Vallefuoco, dont le niveau de dangerosité était classé comme « haut » par la Guardia civil espagnole, n’en est pas à sa première arrestation. En 2012, il avait été interpellé à Jerez de la Frontera, près de Cadix (sud de l’Espagne), avec Giuseppe Polverino, dans le cadre d’un procès lancé en janvier de la même année. L’affaire a démarré après l’arrestation de plusieurs membres du réseau en octobre 2011 à Adeje sur l’île de Tenerife.

Ce procès, qui se déroule jusqu’au mois de mai 2012, s’avère un véritable camouflet pour la justice. 20 accusés sur les 21 repartent libres. Parmi eux, Raffaelle Vallefuoco, qui avait pourtant passé quelques jours en prison. Il a été relâché en raison d’un vice de forme juridique, rapporte El Periodico. Le média Vozpopuli, précise qu’il avait été libéré à la faveur d’une mauvaise communication  entre les autorités judiciaires espagnoles et italiennes.

Dès lors, ce dernier a échappé aux différents coups de filet de la Guardia civil sur les membres du clan Polverino en Espagne. En mars 2016, lors d’un procès en Espagne, le procureur a réclamé 30 ans de réclusion contre Vallefuoco. La peine la plus lourde sur l’ensemble des accusés.

Rappelons que depuis le début de l’année, les services de sécurité marocains ont procédé à l’interpellation de 21 personnes recherchées par Interpol. Récemment, c’est un chef de la mafia napolitaine, Antonio Prinno, en fuite depuis 2014, qui a été appréhendé dans l’Ourika (région de Marrakech). En cavale depuis cinq années, il s’était fixé au Maroc avant son arrestation le 18 mars. Âgé de 44 ans, il était accusé du meurtre de Ciro Russo, un jeune Italien de 27 ans, lors d’une embuscade dans laquelle l’épouse de la victime et deux passants ont été blessés. Le ministre populiste italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, avait qualifié l’arrestation de Prinno de “cadeau pour les Italiens”. Avant un second, si l’extradition de Vallefuco venait à être actée?