Les enjeux contemporains du ramadan décryptés par France Culture

La semaine dernière, dans son Cultures Monde, la radio France Culture a initié la série “ramadan, modernités d’un rite”. Divisé en quatre épisodes d’une heure, le programme questionne le mois sacré sur les volets politique, consumériste, celui de la charité, et enfin ses répercussions télévisuelles.

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Yassine Toumi/TelQuel

En cette période de ramadan, France Culture s’intéresse de près aux enjeux gravitant autour du quatrième pilier de l’islam. Dans sa série intitulée “ramadan, modernités d’un rite” diffusée dans le cadre du magazine Cultures Monde, la radio française se penche sur l’évolution dans la société de ce rite pratiqué depuis des siècles. France Culture met l’accent sur les pays qui vivent le mois sacré à échelle nationale. De quoi alimenter nos esprits en ce mois si particulier.

Le premier épisode,  Au Maghreb, un mois de fébrilité politique, questionne la dimension politique du rite, et notamment l’article 222 du Code pénal marocain qui interdit de manger, boire et fumer en pleine journée lors du mois du ramadan afin de “préserver l’ordre public”. France Culture se demande, du coup, si contester le ramadan revient à contester l’islam ou l’Etat. Au-delà des lois, la pression sociale est énorme et s’est amplifiée au cours des trente dernières années au Maghreb. Pourtant, le pourcentage estimé de Tunisiens jeûnant s’élève par exemple à 50%. “Le regard sur l’autre est inquisitorial”, explique Haoues Seniguer, politologue, chercheur et maître de conférences à l’Institut des études politiques (IEP) de Lyon.

Le second épisode, Le ramadan, un mois de jeûne et de consumérisme, traite quant à lui du paradoxe de la surconsommation qui suit le jeûne à la nuit tombée. Le ralentissement économique, propre à une société qui renouvelle complètement ses horaires et habitudes pendant le mois sacré, est mis en parallèle avec les tables copieusement garnies de mets traditionnels lors du ftour. Les commerçants se sont saisis de la tradition, et développent des stratégies marketing afin de profiter de cette surconsommation de nourriture.

Impôts et télévisions

Le troisième épisode, La zakat, quand l’aumône sert le pouvoir, questionne le troisième pilier de l’islam : l’impôt religieux. “Donnez pour les pauvres et les nécessiteux, donnez pour vous faire aimer de Dieu” : cette aumône, initialement destinée à des œuvres caritatives, est prescrite dans le coran et plus particulièrement lors du ramadan.  Les écritures coraniques indiquent qu’il doit être proportionnel aux moyens de chacun. Cet argent est destiné aux “nobles causes”, mais est aussi utilisé par les États pour leur politique sociale et leur diplomatie. La série de France Culture s’attarde aussi sur le fait que ce principe du partage — essentiel à l’islam — ait pu servir des causes moins nobles, notamment le “microfinancement du terrorisme”.

Enfin, le quatrième et dernier épisode, Ramadan télévisuel : un mois de communion cathodique, questionne l’évolution du mois sacré et des spécificités des branches de l’islam illustrées sur le petit écran. L’exportation des feuilletons turcs sur le marché arabe est énorme. “L’effervescence cathodique” se manifeste notamment par la rupture du jeûne annoncée en direct, les programmes spéciaux avec des feuilletons propres aux différents pays musulmans, et par l’explosion des recettes publicitaires. Une fois encore, ces programmes expriment un ramadan vécu différemment selon sa géographie, mais aussi des volontés politiques ou religieuses de la part des autorités qui les financent.

La série est disponible en podcast sur le site de France Culture.