Les cliniques privées veulent attaquer Zouhair Chorfi pour "diffamation"

Suite à une intervention critique du secrétaire général du ministère de l'Economie à leur encontre, les représentants des cliniques privées veulent porter plainte contre Zouhair Chorfi pour “diffamation” et “et incitation à une agression physique” dans les prochaines 48 heures .

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AIC Press

A l’occasion des Assises de la fiscalité, tenues les 3 et 4 mai derniers, le secrétaire général du ministère de l’Economie, Zouhair Chorfi, a tancé avec véhémence les pratiques des cliniques privées dans le domaine de la fiscalité. “Au nom du social, des représentants d’une profession, la médecine et les cliniques privées, se croient tout permis”, avait-il affirmé lors de son intervention à Skhirat. Zouhair Chorfi avait ensuite déclaré que certaines professions minoraient leurs déclarations fiscales de 90% avant de s’exclamer : “Quand on arrive dans une clinique privée et que cette dernière nous annonce qu’elle ne prend pas les chèques, qu’est-ce que ça veut dire? La corruption, ça suffit!”.

Des propos qui ne passent pas du côté de l’Association nationale des cliniques privées (ANCP) qui compte porter plainte contre le fonctionnaire. “Nous étions dans une dynamique de collaboration. Notre secteur a présenté un cadrage dont l’objectif est la transparence et l’amélioration de ses performances. Nous étions dans une dynamique d’incitation à l’investissement. Les paroles de M. Chorfi sont simplement innommables et témoignent d’une méconnaissance totale des pratiques dans le pays”, nous déclare Redouane Semlali, président de l’ANCP. “85% des paiements enregistrés dans les cliniques privées sont faits par chèques. Ce monsieur ne sait visiblement pas de quoi il parle”, assure-t-il.

Selon le représentant des cliniques privées, cette plainte  sera déposée “dans les 48 heures, au nom de l’ANCP, des syndicats des médecins spécialistes et de tout le corps médical marocain qui s’est senti touché dans sa dignité”. Les cliniques comptent poursuivre Zouhair Chorfi pour “diffamation, propos injurieux et incitation à une agression physique”, précise le président de l’ANCP.

Nous espérons bien qu’il y aura un procès. Normalement, il y en aura un, car la diffamation est avérée. Qui plus est, il nous traite de voleurs, de corrompus”,  s’indigne Redouane Semlali qui tient à signaler que seulement 1,5% des cliniques privées ont fait l’objet de redressements fiscaux.

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Après les multiples passes d’armes entre les médecins et le fisc en fin d’année 2018, les représentants des cliniques privées venaient plaider aux assises pour des pratiques plus transparentes. Cependant, les chiffres parlent d’eux-mêmes, et la profession reste entachée par des scandales de sous-déclarations.

Comme le confiait un inspecteur des impôts au quotidien L’Économiste dans son édition du 27 novembre, “16.000 médecins exercent dans le secteur privé. 70% d’entre eux paient moins de 10.000 dirhams d’impôts par an. Ce n’est pas équitable”. Le manque à gagner de la part des professions libérales a été estimé en novembre 2018 à 5 milliards de dirhams par la direction générale des impôts.

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Contacté par TelQuel , Zouhair Chorfi n’a pas pu être joint.