Approvisionnement du marché pendant ramadan: Tout va très bien madame la marquise

À deux semaines de ramadan et sur instructions du roi, les ministres de l’Agriculture, du Commerce, des Affaires générales et de la Santé ont voulu rassurer les citoyens sur l’approvisionnement du marché pendant le mois sacré. La Fédération marocaine des consommateurs déplore de son côté sa mise à l’écart de cette réunion alors qu’elle représente la voix des principaux concernés. Détails.

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Aziz Akhannouch, Noureddine Boutayeb, Moulay Hafid Elalamy et Lahcen Daoudi au ministère de l'Intérieur, le 23 avril 2019 à Rabat. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Rien à signaler”, a insisté Aziz Akhannouch pendant son intervention à la réunion de “coordination” tenue dans la matinée du 23 avril, au siège du ministère de l’Intérieur, autour de la situation de l’approvisionnement du marché national et des prix des produits de première nécessité pendant le mois sacré. Objectif : rassurer les citoyens sur la disponibilité de tous les produits de “première nécessité”, conformément aux “instructions royales”, a indiqué le ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, Noureddine Boutayeb qui présidait la réunion.

Selon ce dernier, la “majorité des prix resteront stables pendant le mois de ramadan”. Même son de cloche du côté du ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime. “Tous les produits agricoles sont disponibles en quantité suffisante. L’offre et la demande sont équilibrées pour tous les produits, y compris ceux qui sont importés”, nous indique Aziz Akhannouch à la sortie de la réunion. “De manière générale, la situation du marché est très bonne. Pendant les trois ou quatre premiers jours du mois de ramadan, certains produits frais comme les sardines connaissent toujours une pression. Au bout de cinq jours maximum, les prix devraient revenir à la normale”, explique le ministre, assurant que son département fera en sorte qu’il n’y ait pas de manipulation des prix de la part des commerçants et des intermédiaires.

Pendant le mois de ramadan, les prix des produits alimentaires les plus consommés, notamment le poisson, les viandes rouges et les légumineuses, augmentent généralement, au grand dam des consommateurs. “Les Marocains ont la manie d’aller en groupe pour faire leurs courses. Ils achètent en quantité, ce qui fait que la demande augmente. Quand les commerçants voient que la demande est là, ils augmentent les prix”, nous explique Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC).

Les pois chiches moins chers

Le poisson ne manque pas au Maroc. Les sardines sont aujourd’hui à 2,20 dirhams le kilo à la pêche et 4 dirhams en moyenne dans les marchés de gros. Concernant les légumineuses, les prix des pois chiches et des lentilles ont baissé de 20 à 29% par rapport à l’année dernière. Le marché est mieux approvisionné”, assure encore Akhannouch. Le ministre chargé des Affaires générales et de la Gouvernance Lahcen Daoudi a lui indiqué que son département craignait une montée des prix des viandes rouges. “Les prix sont cependant en train de retomber pour se stabiliser pendant le mois de ramadan”, a-t-il fait savoir.

Les ministres Anas Doukkali (Santé), Moulay Hafid Elalalamy (Commerce), ainsi que des représentants des secteurs de l’énergie, de l’Administration des douanes et impôts indirects, de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), de l’Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL) étaient également présents à la réunion de coordination chapeautée par l’Intérieur. Pour Bouazza Kherrati, “c’est paradoxal que les responsables de ces départements se réunissent qu’une fois par an pour s’enquérir de la santé des consommateurs. C’est comme si les Marocains jeunaient toute l’année et ne mangeaient que pendant le ramadan. C’est regrettable”.

Le président de la FMDC déplore également la mise à l’écart de son organisation de la réunion. “Notre fédération qui représente les associations des consommateurs n’a pas été avisée. La réunion s’est tenue pour des raisons purement sociales. Pour lui donner de la crédibilité, il faut que les représentants des consommateurs soient présents”, estime-t-il. Bouazza Kherrati rappelle que le Premier ministre Youssoufi avait à son époque adressé une lettre à tous les gouverneurs et walis pour que les associations des consommateurs soient associées à toutes les réunions concernant les consommateurs. “Ça va faire 20 ans maintenant. C’est dommage”, conclut-il.

Pendant la réunion, le ministère de l’Intérieur a insisté sur la volonté de “multiplier les opérations de communication et de sensibilisation auprès des consommateurs”. Il a ainsi annoncé la réactivation du 5757, un numéro national dédié aux réclamations concernant l’approvisionnement des marchés et la sécurité des produits en vente.