La hausse des prix des carburants et des cigarettes fait les affaires des caisses de l'Etat

Au premier trimestre 2019, les hausses successives des prix des cigarettes et des carburants ont entrainé une explosion des recettes de la taxe intérieures de consommation. Une aubaine pour les caisses de l'Etat, puisqu'avec 6,9 milliards de dirhams, les taxes intérieures de consommation (TIC) sur le tabac et les produits énergétiques ont contribué à elles seules à 11,3% du budget de l'Etat.

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En décembre 2018, puis le 1er avril 2019, les paquets de cigarettes affichaient deux nouvelles hausses de prix consécutives. Les taxes qui constituaient alors 53,6% du prix des paquets de cigarettes grimpaient à 60% au 1er janvier 2019. Entre février et mars, quatre hausses ont été appliquées aux prix des carburants à la pompe, avec un litre de gasoil qui se vend désormais à 9,5 dirhams.

Et si dans son conflit ouvert avec le Groupement des pétroliers du Maroc le ministre des Affaires générales Lahcen Daoudi ne tranche pas sur la question du plafonnement des marges sur les hydrocarbures, c’est peut-être aussi parce que ces hausses sont en fait une aubaine pour les finances de l’Etat.

En effet, selon des chiffres de la Trésorerie générale du royaume (TGR) publiés le 23 avril par L’Economiste, le montant des recettes fiscales perçues au premier trimestre grâce à la taxe intérieure de consommation (TIC) sur les produits énergétiques d’une part et les tabacs manufacturés d’autre part, a augmenté de 16,3 et 39% respectivement par rapport à la même période l’an dernier. La TIC sur les produits énergétiques a rapporté 3,7 milliards de dirhams en trois mois au budget de l’Etat, et 3,2 milliards pour les tabacs. A elles seules, ces deux sources de recettes fiscales ont contribué à 11,3% du budget général de l’Etat au premier trimestre.

Contacté par TelQuel, l’économiste Yasser Tamsamani décrypte le phénomène : “La nature des produits en question est ainsi faite. C’est ce qu’on appelle en économie l’élasticité du prix. C’est-à-dire la propension de la demande à baisser quand le prix augmente. Les biens que sont le tabac et les produits pétroliers sont quant à eux inélastiques. C’est-à-dire que même si les prix augmentent, la demande sera toujours là. La réaction de la demande vis-à-vis du prix n’est pas sensible. Comme les prix de ces produits sont majoritairement des impôts, il est normal que la part dans le budget de l’Etat croisse”.

Cette part pourrait-elle aussi, du coup, augmenter dans le budget des ménages? En effet, au premier trimestre, la TVA à l’intérieur – reflet de la consommation puisque dans le même temps l’indice des prix à la consommation a stagné selon le HCP – n’a contribué qu’à hauteur de 7,9%, pour un montant de 4,8 milliards de dirhams en baisse de 15,4%.

Selon le HCP, au premier trimestre 2019, 43,2% des ménages déclarent une dégradation du niveau de vie au cours des 12 derniers mois. Dans sa dernière note de conjoncture trimestrielle, le HCP prévoyait néanmoins que “dans un contexte de stagnation des prix à la consommation, la consommation finale des ménages, en volume, se serait affermie de 2,8%” au premier trimestre 2019.