Raissouni visé à son tour par une plainte pour "lien organisationnel" avec Hamieddine

Mohamed El Haini et Lahbib Hajji ont porté plainte contre Ahmed Raissouni pour sa présumée implication dans l'affaire Aït El Jid. Les deux avocats invoquent “le lien organisationnel” entre l'ancien patron du MUR et Abdelali Hamieddine.

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Ahmed Raissouni, président de l'Union mondiale des oulémas musulmans.

Du nouveau dans l’affaire Aït El Jid. Les avocats Mohamed El Haini et Lahbib Hajji ont été entendus respectivement le 2 et 3 avril par la Brigade nationale de la police judiciaire de Casablanca après avoir déposé une plainte contre Ahmed Raissouni, président de l’Union mondiale des oulémas musulmans et ancien chef du Mouvement unicité et réforme (MUR) — bras idéologique du PJD — pour sa présumée implication dans l’assassinat de l’étudiant gauchiste. L’information a été révélée dans l’édition du 4 avril des quotidiens Al Massae et Assabah et nous a été confirmée par maître Mohamed El Haini.

Déposée le 28 décembre auprès du procureur général du roi à la Cour d’appel de Fès, cette plainte fait suite à la récente inculpation d’Abdelali Hamieddine pour “participation au meurtre” de Mohamed Aït El Jid Benaissa, mort il y a 26 ans lors d’affrontements entre étudiants gauchistes et islamistes à Fès.

Sans pour autant produire de preuve d’une implication directe, les deux avocats invoquent “le lien organisationnel” entre Ahmed Raissouni et Abdelali Hamieddine pour justifier la plainte dont TelQuel détient copie. D’après eux, Hamieddine — qui a déjà été condamné à deux ans de prison dans cette même affaire en 1994 — était, au moment des faits, membre d’une organisation estudiantine islamiste affiliée à la Rabita al mustaqbal (la Ligue de l’avenir islamique) présidée à l’époque par Raissouni. “Au vu de ce lien organisationnel, [Raissouni] a donné l’ordre à l’accusé [Abdelali Hamieddine] afin de participer à l’assassinat aux côtés d’autres membres de la ligue de l’avenir islamique, mais aussi d’Al Adl Wal Ihssane, dont un membre a déjà été condamné pour homicide volontaire”, peut-on lire dans le document.

El Haini et Hajji font également valoir une attestation qu’aurait fournie Abdelali Hamieddine à l’Instance Équité et Réconciliation (IER) au moment où il avait demandé réparation de “la torture subie lors de son arrestation”. Dans ce document, “Ahmed Raissouni atteste que Hamieddine était un membre actif dans l’organisation estudiantine affiliée à la Ligue de l’avenir islamique (…) c’est une preuve qui confirme le lien organisationnel”.

Pour rappel, le député PJD a purgé ses deux années de prison pour “participation à une rixe au cours de laquelle sont exercées des violences ayant entraîné la mort” dans l’affaire Aït El Jid, il a saisi l’IER en 2004 pour obtenir réparation. L’IER avait accepté sa requête et l’avait indemnisé à hauteur de 82.900 dirhams. “Nous croyons dur comme fer que cette attestation est une preuve suffisante pour inculper Raissouni, car dans les organisations islamistes, le chef a une influence sur ses disciples”, martèle l’ancien magistrat radié Mohamed El Haini. La BNPJ n’a toujours pas auditionné Ahmed Raissouni.

Depuis 2012, la famille de Mohamed Aït El Jid Benaissa tente de déterrer l’affaire. Si deux plaintes, déposées en 2012 et 2013, ont été classées sans suite par le procureur général du roi, la troisième (déposée en 2017) est la bonne. Sur la base du témoignage d’un ancien camarade du défunt Haddioui El Khammar, Abdelaali Hamieddine se retrouve sur le banc des accusés pour sa présumée “participation au meurtre” d’Aït El Jid. Ouvert le 25 décembre 2018, son procès a été ajourné au 14 mai pour la troisième fois, rapporte Yabiladi.