Ce que la presse internationale a retenu de la visite papale au Maroc

Au lendemain de la visite apostolique du pape François au Maroc, la presse internationale s'est notamment attardée sur le dialogue entamé par le souverain pontife avec les autres religieux. A l'issue de cette visite, la presse internationale a érigé le Saint-Père en “leader moral” construisant des ponts entre les civilisations. Tour d'horizon. 

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Le pape François à la cathédrale de Rabat le 31 mars. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Un jalon important dans le dialogue interreligieux, mais pas seulement. C’est la conclusion que tire la presse internationale de la visite de deux jours effectuée par le pape François les 30 et 31 mars au Maroc. A l’occasion de son 28e déplacement à l’étranger, le pape François a notamment prononcé un discours à forte charge symbolique sur l’esplanade de la Tour Hassan avant de mener une messe au stade Moulay Adebllah de Rabat.

Détruire les murs, construire des ponts

Les murs enferment, les ponts font avancer”, titre Vatican News, média officiel du Saint-Siège au lendemain de la visite du pape François. Une citation tirée de l’échange qu’a eu le pape François avec des journalistes dans le vol qu’ils ont pris ensemble pour rallier Rome à l’issue de sa visite apostolique au Maroc. Pour le souverain pontife, le dialogue n’est pas “un laboratoire”, mais plutôt une démarche “humaine”, rapporte la même source. “Chaque religion a en son sein des groupes intégristes qui préfèrent construire des murs plutôt que des ponts. Or, pour le Pape, celui qui construit un mur se condamne à l’isolement et à s’enfermer entre ses propres murs”, détaille l’article consacré à la visite papale.

Le quotidien  italien La Repubblica, a lui préféré se concentrer sur les propos prononcés par le Saint-Père au sujet de la montée des populismes lors de ce vol retour vers Rome, alors que l’Italie a assisté à la percée de La Ligue de Matteo Salvini lors des élections générales tenues en 2018. “La peur est le sermon habituel du populisme, c’est le début des dictatures”, répond le pape à une question du journal de centre-gauche sur le vote d’un grand nombre d’électeurs catholiques ayant permis à des partis populistes de se hisser au pouvoir en Europe.

Pour le New York Times, cette visite papale au Maroc a fait du souverain pontife un “champion des migrants”. “François, qui pendant des années a été l’unique voix sur la question des migrations, a profité de son séjour à Rabat  non seulement pour continuer à promouvoir l’islam modéré, mais également pour implorer les pays les plus riches du monde d’accepter, de protéger et d’intégrer la société”, commente le quotidien américain. Pour le prestigieux média new-yorkais, le pape a exhorté les croyants à “agir avec prudence plutôt que de rester silencieux”.

“Leader moral de la planète”

Les ponts, toujours, reviennent avec insistance dans la presse espagnole. El Mundo rappelle que “le dialogue interreligieux n’est pas une phrase théorique, mais l’un des objectifs prioritaires du pontificat de François”. Reprenant l’aphorisme attribué au théologien rebelle allemand Hans Küng selon qui “il n’y aura pas de paix entre les nations sans paix entre les religions”, le quotidien espagnol rappelle que le pape, depuis son introduction en 2013, est “ devenu le principal leader moral de la planète”. “François tente d’investir tout son capital symbolique dans la promotion de la paix, la création de ponts entre les religions. Ce n’est pas en vain qu’on l’appelle le souverain pontife (le fabricant maximum de ponts)”.

La thématique du dialogue religieux a également été abordée par la presse. Au sujet de la visite du pape, El Mundo écrit que “le dialogue interreligieux n’est pas une phrase théorique, mais l’un des objectifs prioritaires du pontificat de François”. Reprenant l’aphorisme attribué au théologien rebelle allemand Hans Küng,  “Il n’y aura pas de paix entre les nations sans paix entre les religions”, le quotidien espagnol rappelle que le Pape, depuis son introduction en 2013, est “ devenu le principal leader moral de la planète”. “François tente d’investir tout son capital symbolique dans la promotion de la paix, la création de ponts entre les religions. Ce n’est pas en vain qu’on l’appelle pontife (le mot “pontife” désigne un fonctionnaire chargé de l’entretien des ponts. L’autre titre du pape est pontifex maximus, NDLR)” écrit encore El Mundo.

Ekai, une agence de presse catholique polonaise, estime que l’enjeu de la visite de François au Maroc dépasse le “dialogue strictement théologique”.“Dans les relations avec le monde musulman, l’enjeu est non seulement la paix dans le monde, mais également le sauvetage de la mort d’autres chrétiens par des islamistes”, écrit l’agence polonaise. “Il s’agit, dans cette rencontre, plutôt de faire connaissance et de découvrir des valeurs communes qui conduiront à la solidarité de tous les croyants en Dieu”, poursuit la même source.

Le quotidien français La Croix, d’inspiration catholique, est  également revenu sur cette notion de dialogue dans un article intitulé “Le dialogue en mots et en actes du pape François”. Il a été question de la signature entre le pape et le roi Mohammed VI, “de manière inattendue”, d’un appel commun demandant que ”le caractère spécifique multireligieux, la dimension spirituelle et l’identité culturelle particulière de Jérusalem” soit respecté.

La Croix détaille : “Tout en se gardant de toute critique explicite d’Israël, les deux hommes ont clairement pris position, dans le contexte du déménagement de l’ambassade américaine dans la Ville sainte, en faveur du caractère particulier de Jérusalem toujours défendu par le Saint-Siège”. Et de conclure : “Une claire manière pour tous deux d’ancrer le dialogue dans les problématiques concrètes.