Craignant une “instrumentalisation”, 2M déprogramme “Moubachara Maakoum” spécial Algérie

Consacrée au mouvement de contestation en Algérie, l’émission Moubachara Maakoum de 2M a été déprogrammée le 20 mars. La directrice de l’information de la chaîne Samira Sitaïl explique que l’émission a été « reportée » pour éviter son « instrumentalisation ».

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Le présentateur de Moubachara Maakoum sur le plateau de l'émission. Crédit: DR

La chaîne de télévision 2M a déprogrammé le 20 mars l’émission de débat Moubachara Maakoum, qui devait être consacrée au mouvement de contestation en Algérie. Interpellée le 21 mars sur Twitter, la directrice de l’information de la chaîne Samira Sitaïl explique que l’émission a été « reportée » pour éviter d’être instrumentalisée.

Dans un premier temps, elle rappelle que « des thèses complotistes ont été portées par certains médias algériens ces derniers jours. Elles prêtent au Maroc des intentions totalement surréalistes devant les manifestations du peuple algérien ».

Et de préciser : « Nous sommes une chaîne publique et en tant que telle, nous n’avons pas voulu laisser la moindre place à l’instrumentalisation de cette émission à laquelle des ressortissants algériens devaient prendre part. Avec regrets, nous l’avons tout simplement reportée ».

La veille de la diffusion programmée de l’émission, le site d’information de la chaîne consacrait un article détaillant le déroulée de l’émission. Selon Al Yaoum 24 qui a pu consulter l’article de 2m.ma avant qu’il ne soit dépublié, Moubachara Maakoum devait traiter de la révolte populaire algérienne contre le pouvoir en place, à travers trois questions : « Pourquoi les protestations en Algérie continuent et s’amplifient de semaine en semaine malgré les propositions du régime pour sortir de la crise ? Que peut concéder le pouvoir pour répondre aux revendications des protestataires ? Quels sont les scénarios plausibles dans l’avenir entre la volonté du pouvoir de gagner du temps pour résorber l’enthousiasme populaire, l’usage de la violence, le départ du pouvoir et la poursuite des manifestations ? ».

Selon la même source, la déprogrammation de l’émission est principalement due « à la position officielle du Maroc vis-à-vis des protestations en Algérie ». Dans un communiqué diffusé le 16 mars, le ministère des Affaires étrangères affirmait « se tenir à une attitude de non-ingérence par rapport aux récents développements en Algérie » et précise s’être abstenu « de tout commentaire à ce sujet ».

Alors que certains médias étrangers évoquent une implication marocaine dans les évènements en Algérie, le département de Nasser Bourita indique que le « Maroc n’a ni à se mêler des développements internes que connaît l’Algérie ni à les commenter de quelque manière que ce soit ».