Pour Mohamed Karim Mounir, l'effet du crédit TVA ne se fait pas encore sentir pour les PME

Lors de la présentation des résultats annuels du Groupe Banque Centrale Populaire le 21 mars, son PDG Mohamed Karim Mounir a commenté les effets du dispositif d’affacturage mis en place par le ministère de l’Économie pour épurer le crédit TVA accumulé par l’État auprès des entreprises.

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Mohamed Karim Mounir et Mohamed Benchaanoun le 1er novembre à Rabat. Crédit: BCP

Engagés par Mohamed Boussaid, renforcés par Mohamed Benchaaboun, ces 40 milliards de dirhams injectés dans l’économie marocaine étaient censés être une bouffée d’oxygène salutaire pour la trésorerie des entreprises, dans l’espoir que la machine économique redémarre. TelQuel démontrait début janvier que cet empressement des trésoriers du Royaume à solder le passif de l’État n’avait en fait pas eu l’effet escompté.

Nommé à la tête de la BCP en novembre 2018, Mohamed Karim Mounir n’est pas loin de partager ce constat. “C’est vrai qu’il y a un climat assez atone au niveau de l’économie nationale. C’est vrai qu’il y a beaucoup de mesures qui ont été annoncées par plusieurs départements ministériels, mais qui ne donnent pas la totalité de leur effet valeur aujourd’hui, ça ne descend pas au niveau de la PME/PMI,” déclare-t-il le 21 mars au moment de présenter les résultats 2018 du groupe.

Il poursuit : “il appartiendra à l’ensemble des intervenants dont les banques de se mobiliser pour que cette dynamique descende au plus bas, une dynamique qui a été initiée sur un certain nombre d’étages, notamment le crédit TVA. Il fallait avoir le courage politique de le faire en disant, le budget de l’Etat il est ce qu’il est, mais on doit satisfaire les engagements vis-à-vis de la PME. Il fallait le faire, c’est fait, mais effectivement on ne sent pas sa diffusion au niveau du tissu le plus bas de la PME/PMI.”

Et de prendre sa part de responsabilité en tant que banquier : “Il appartient comme je l’ai dit à l’ensemble des acteurs d’installer plus de confiance et notamment les banques. Nous-mêmes, nous pensons initier un certain nombre d’offres à l’adresse de la PME, de la PMI et de la TPE également, car il faut savoir que tout tissu économique démarre par le plus bas, c’est la TPE et la PME qui font l’économie d’une nation.”

Si le ruissellement des 40 milliards espéré par Mohamed Benchaaboun, prédécesseur de Mounir à la BCP, n’a pas eu lieu, les banques marocaines, elles, ont dégagé une marge d’intermédiation de 1,1 milliard de dirhams sur l’opération.

En avril dernier, la RAM, société anonyme à capitaux publics, avait usé du dispositif d’affacturage pour récupérer 460 millions de dirhams d’un butoir total de 1,5 milliard. La nouvelle avait provoqué un certain émoi dans le landerneau financier, car la compagnie aérienne avait sélectionné comme partenaires sur l’opération deux banques de la place, la BCP alors dirigée par Mohamed Benchaaboun, et le CIH présidé par Ahmed Rahhou qui, en tant que président de la commission climat des affaires de la CGEM, menait les négociations pour le patronat sur ce dossier.

Lire notre dossier : Crédit TVA, 40 milliards remboursés pour rien

Mohamed Karim Mounir a également commenté le rachat de Sochepress par Upline Group, la banque d’investissement de BCP qui détenait déjà Sapress, l’autre distributeur de presse au Maroc. “Le rachat de Sochepress nous permettra de réaliser des synergies avec Sapress pour espère que l’ensemble soit rentable. C’est aussi un acte citoyen pour accompagner la distribution de presse,” a-t-il déclaré.

Autre information annoncée par le PDG, BCP s’apprête à réaliser une augmentation de capital pour le personnel de 2,1 milliards de dirhams.

BCP clôture l’année 2018 avec un total bilan consolidée de 396,6 milliards de dirhams, pour un RNPG de 2,9 milliards en hausse de 3,5 % par rapport à l’année dernière.