Décès d'Imane Fadil: Souad Sbai accuse le Maroc, l'ambassade porte plainte

Si les causes du décès de la Marocaine Imane Fadil, témoin-clé dans l'affaire du Rubygate, n’ont pas encore été établies, l'ex-députée italo-marocaine Souad Sbai accuse l’ambassade marocaine à Rome, qui réplique en la poursuivant pour diffamation.

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Imane Fadil, parte civile nel processo Ruby 2 oggi, 13 novembre 2014, in tribunale a Milano per la lettura della sentenza. MATTEO BAZZI / ANSA

Pour la mort d’Imane Fadil, il faut suivre la piste marocaine, eux ils savent comment utiliser du poison ». Cette phrase glaçante a été prononcé par Souad Sbai, journaliste italo-marocaine et ex-députée du PdL (Le Peuple de la Liberté), ancien parti de centre droit dirigé par l’ex-président du Conseil Silvio Berlusconi, lors d’une interview menée par la journaliste Alessandra Ziniti pour le quotidien italien La Repubblica.

Imane Fadil, ex-mannequin marocaine, témoins clé dans le procès « Rubygate » à l’encontre de Silvio Berlusconi, a trouvé la mort le 1er mars, à 34 ans. Elle est décédée à l’Hôpital Humanitas, dans les environs de Milan, où elle était hospitalisée depuis le 29 janvier, après un mois d’ « agonie et de douleurs atroces » selon l’agence de presse italienne ANSA.

La jeune femme avait en effet exprimé « sa crainte d’avoir été empoisonnée ». Dans son sang, une « forte concentration de certains métaux, notamment du cadmium et de l’antimoine » révélée dimanche par le procureur de Milan Francesco Greco, pourrait confirmer ce soupçon. Décisifs, seulement les résultats définitifs de l’autopsie, dont la date reste à définir, pourront pourtant déterminer les causes exactes du décès.

La possibilité d’empoisonnement ou d’une maladie rare contractée par la femme sont considérés pour l’instant sur le même plan d’après le procureur adjoint Tiziana Siciliano et le procureur Luca Gaglio qui coordonnent l’enquête, rapporte l’ANSA. Les tissus des organes d’Imane Fadil devraient être bientôt prélevés et analysés dans le but de déterminer la présence de substances radioactives.

De son côté, l’avocat défenseur de Silvio Berlusconi Federico Cecconi a souligné que « d’un point de vue technique et procédural la mort (d’Imane Fadil) défavorise la défense de Silvio Berlusconi parce que ses déclarations rentrent directement dans le procès et nous ne pouvons pas effectuer un contre-examen ». Depuis 2012, Imane Fadil était l’auteur de témoignages clés dans le cadre du scandale sexuel Rubygate, dont le cadre principal était Arcore, la villa de Berlusconi où règne des soirées « bunga-bunga », et pour lequel il est aujourd’hui accusé de subornation de témoins. L’ex-premier ministre a toutefois affirmé n’avoir jamais connu ni parlé à « cette personne » (Imane Fadil).

Dans ce contexte, la déclaration de Souad Sbai, également présidente de l’Association des Femmes Marocaines en Italie, n’a pas tardé à provoquer des réactions. Dans un communiqué publié le 18 mars, l’ambassade du Maroc en Italie a qualifié de « graves les accusations à l’encontre du Royaume du Maroc et de ses institutions, notamment celles diplomatiques, relativement au cas du décès d’Imane Fadil ».

Au vu des « informations mensongères » diffusées par Souad Sbai qui par ailleurs « manipule les faits et se substitue à la justice italienne bien que l’autopsie de la victime n’ait pas encore été réalisée », dit le communiqué, l’Ambassade du Royaume du Maroc à Rome a entamée une action en justice à son égard devant le Tribunal de Rome pour « diffamation et diffusion d’informations mensongères vouées à salir l’image du pays ». Ainsi, l’ambassade « repousse toute accusation et insinuation formulée à son égard», poursuit le communiqué, mais « continue de suivre attentivement l’évolution de la situation en collaboration avec la justice italienne ».

Lors de l’interview à La Repubblica, Souad Sbai affirmait qu’« Imane Fadil savait beaucoup de choses. Elle avait probablement décidé de faire un pas en arrière. Et ils l’ont tuée. Je sais que, comme beaucoup d’autres très belles filles, elle fréquentait beaucoup notre ambassade. C’est là, au sein de la haute diplomatie, qu’il faut aller chercher ».