Jeunes diplômés : quels métiers paient le mieux ?

Le cabinet de recrutement Michael Page a analysé les rémunérations de centaines de métiers au Maroc sur l’année 2018. TelQuel a repéré les métiers qui paient le mieux les jeunes diplômés.

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Les entreprises sont en recherche de jeunes avec des compétences 2.0. Crédits : DR

Contre la fuite des cerveaux, une rémunération plus juste ? Pour le cabinet de recrutement Michael Page, le salaire “encore un des principaux facteurs d’attractivité et de rétention des meilleurs talents. Il doit donc être considéré comme une priorité et parfaitement maitrisé afin d’optimiser la performance de chaque organisation.” Parmi les domaines qui recrutent le plus de jeunes diplômés (entre 0 et 2 ans d’expérience) figurent la santé, la distribution et le domaine juridique.

C’est pas dans la banque que les jeunes gagnent le mieux

Le secteur bancaire demeure indubitablement un recruteur important au Maroc. Et les jeunes cadres y gagnent bien : entre 8.000 (gestionnaire back-office marchés) et 35.000 dirhams (analystes coverage) dans les banques privées et les banques de financement et d’investissement et que les banques de réseaux ; et de 12.000 à 18.000 dirhams dans les banques de réseaux.

“Du fait de la digitalisation du secteur, avec une réglementation toujours plus exigeante et un marché du travail qui se flexibilise davantage, les managers de transition sont très demandés dans le milieu de la banque. Les profils les plus recherchés sont issus de la direction financière et la direction des risques”, note le rapport.

Les jeunes commerciaux “en position de force”

Les salaires des jeunes commerciaux sont plutôt bas : entre 4.000 dirhams pour les métiers de technico-commercial, de commercial sédentaire, de commercial B to C et jusqu’à 10.000 dirhams pour un ingénieur commercial ou un chef de zone export.

Mais, le cabinet de recrutement Michael Page se veut confiant : “Face aux nouveaux enjeux auxquels sont confrontées les entreprises (transformations numérique et énergétique, mondialisation, positionnement sur des produits à forte valeur ajoutée…), les besoins en commerciaux sont importants. C’est pourquoi les entreprises continuent d’investir massivement dans cette fonction. (…) La tension est par conséquent accrue, sur le marché, avec des candidats en position de force, plus enclins à négocier, voire à refuser des propositions, ce qui favorise également l’inflation sur les salaires avec une poursuite de la tendance à la hausse des salaires fixes afin de fidéliser les meilleurs éléments et/ou pour attirer les meilleurs talents commerciaux.”

Construction et immobilier : des opportunités de carrière rares

Baisse de la commande publique, retards de paiement, endettement de plusieurs entreprises… Le secteur de la construction, de l’immobilier et de la maitrise d’ouvrage ne recrute plus. Pourtant, les fiches de paye des jeunes cadres sont plutôt séduisantes : entre 12.000 dirhams pour un maître d’oeuvre d’exécution et 30.000 dirhams pour un jeune responsable d’agence ou un responsable de gestion locative.

Néanmoins, le nouveau contrat-programme signé avec le gouvernement et les fédération en septembre 2018 et ayant pour objectif de porter le PIB du secteur de 53 à 81 milliards de dirhams laisse présager une hausse d’activité qui devrait être à l’origine de la création de nouveaux emplois en 2019.

Chasse aux talents 2.0 chez les créatifs

La transformation digitale continue de s’imposer dans les entreprises, modifiant progressivement leurs modèles économiques et bousculant la hiérarchie. Principale conséquence, selon le cabinet de recrutement : “L’augmentation croissante du niveau des salaires pour les profils les plus expérimentés sur les nouveaux métiers du digital. Les effets sur la création d’emplois dans le digital ne sont que positifs : les nouveaux arrivants se bousculent pour équiper leurs effectifs avec des profils à potentiel, et obligent les plus anciens à forcer leurs innovations, en recrutant.”

En ce qui concerne les salaires, les jeunes graphistes sont les moins bien rémunérés, avec 7.000 dirhams. Les journalistes et social media managers gagnent en moyenne 10.000 dirhams, deux fois moins que les directeurs artistiques et chargés d’événementiel (jusqu’à 20.000 dirhams).

Le luxe et le retail : la chance aux jeunes 

C’est indéniablement le secteur qui paye le mieux ses jeunes recrues, que ce soit dans la grande distribution, le retail ou le luxe. Dans la distribution, un jeune chef de département gagne entre 30.000 et 35.000 dirhams et peut espérer voir son salaire doubler après 10 ans d’expérience. Dans le commerce, un jeune directeur E-commerce ou un directeur marketing reçoit en moyenne 30.000 dirhams par mois. Les branches qui payent le mieux ? La grande distribution alimentaire et l’E-commerce.

“Le secteur recrute en permanence et n’hésite pas à donner leur chance aux jeunes, et c’est souvent l’occasion pour eux de se faire une première expérience. Tout cela, bien sûr, dans un contexte de digitalisation permanente, laissant apparaître de nouveaux métiers parmi les besoins des recruteurs”, explique le rapport.

Financiers et comptables : développez vos soft skills

“La reprise et le regain de confiance dynamisent le marché de l’emploi pour les financiers. En position de force, leur volatilité s’accentue. (…) Dans un même temps, la rareté de certains profils s’intensifie. Le financier développe de nouvelles soft skills : anticipation, coopération, gestion de l’innovation et de la complexité, conduite du changement”, indique le rapport.

Les jeunes comptables, quel que soit le secteur, gagnent entre 7.000 et 10.000 dirhams par mois. Les métiers de l’audit restent un tremplin pour les profils issus des cursus comptables. Un auditeur junior peut espérer gagner entre 10.000 et 15.000 dirhams mensuels. Le métier qui gagne le mieux dans le secteur financier et comptable : chargé de la communication financière et/ou relations investisseurs, avec jusqu’à 18.000 dirhams.

Hôtellerie et tourisme : ça recrute, encore et toujours

Les chiffres du tourisme au Maroc ne cesse de grimper : + 10 % en moins de 10 ans. Alors, le secteur recrute, surtout des profils marketing et commerciaux. Les métiers liés à la vente en ligne sont de plus en plus représentés : les fonctions de community manager ou de chargé de marketing web sont en plein boom.

Du côté des rémunérations, le tourisme est un secteur qui paye relativement bien ses jeunes qualifiés. Si un agent de réservation ne gagne qu’entre 4.000 et 7.000 dirhams, un responsable séminaires et banquets ou un jeune directeur d’établissement (hôtel ou restaurant) peuvent gagner entre 15.000 et 25.000 dirhams.

Le plan d’accélération industrielle, favorable aux ingénieurs ingénieux

Si, contrairement à d’autres secteurs tels que l’informatique, l’industrie n’a pas vécu une grande révolution technologique, le plan d’accélération industrielle 2014-2020 a créé un environnement favorables aux jeunes ingénieurs et les techniciens, selon Michael Page.

Dessinateur, chef de projet, ingénieur qualifié… Tous gagnent entre 12.000 et 15.000 dirhams par mois et peuvent espérer voir leur salaire doubler avec l’expérience.

Juristes : de véritables businessman/woman

“Autrefois figée dans son rôle et appelée en derniers recours, elle est désormais plus proche du business et des opérationnels dans l’accompagnement des risques. (…) Le recrutement permanent des cadres est un marché porteur et dynamique qui connaît une croissance régulière depuis plusieurs années. Il s’agit plus spécifiquement des postes de para légal, juriste, responsable juridique, et directeur juridique”, souligne le rapport de Michael Page.

Un juriste junior gagne en moyenne 15.000 dirhams par mois ; un chiffre qui peut presque doubler pour un poste de direction, à expérience égale : un secrétaire général peut gagner jusqu’à 50.000 dirhams par mois, et 110.000 en milieu de carrière.

Pharmaceutique, un marché « modeste » mais qui gagne très bien

“L’évolution vers de nouvelles générations de médicaments biotechnologiques, la concurrence venant d’autres pays, une trentaine d’acteurs dont vingt environ nationaux se partagent un marché modeste”, souligne le rapport.

Les postes qui gagnent le mieux ? Directeur régional local, entre 30.000 et 40.000 dirhams ; chef de produits, entre 35.000 et 40.000 dirhams ; et chef de gamme, entre 38.000 et 40.000 dirhams par mois.

Dans les RH, des salaires hétéroclites

Un jeune gestionnaire de paye gagne entre 5.000 et 7.000 dirhams, tandis qu’un jeune DRH peut gagner jusqu’à 30.000 dirhams, à expérience égale. En moyenne, le secteur offre entre 12.000 et 15.000 dirhams mensuels.

“Les RH doivent également appréhender de nouveaux défis. Le digital s’impose comme un fil rouge des actions à entreprendre, notamment en termes de formation et de développement. Les priorités relevées par les professionnels RH portent sur les processus d’acquisition, de rétention et de pilotage des compétences. Mais le spectre des actions à mener est beaucoup plus large: les projets concernent aussi bien les réseaux sociaux que le management des compétences, le recrutement que la paie, les big data RH que la communication externe”, éclaircit le rapport.

Le cloud, un marché à part entière

Avec la rapidité de circulation des données et la capacité de stockage, la tendance est à l’externalisation de services en cloud (messagerie, GED, apps..) et à la centralisation des traitements (infogérance, datacenter…) afin d’optimiser les coûts en mutualisant les ressources. Auparavant considérée comme  support au métier, la direction des systèmes d’information est aujourd’hui un acteur majeur de la transformation des entreprises.

Du côté des salaires, c’est très stable : les jeunes ingénieurs système et autres data analystes gagnent entre 10.000 et 12.000 dirhams par mois.