En Italie, le décès d'une Marocaine devant témoigner contre Berlusconi suscite des interrogations

Elle devait témoigner contre Silvio Berlusconi dans le procès des soirées « Bunga bunga ». La Marocaine Imane Fadili, 34 ans, est décédée le 1er mars dans des circonstances mystérieuses.

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AFP

A Milan, les procureurs qui enquêtent sur la mort mystérieuse de Imane Fadil, la Marocaine considérée comme un témoin clé du procès dit « Rubygate », ont entendu ce lundi le directeur sanitaire de l’hôpital Humanitas Michael Lagioia où elle était admise depuis le 29 janvier dernier. D’autres témoins devraient également être entendus dans les prochains jours. Selon l’agence de presse italienne ANSA, les résultats partiels d’un test effectué dans un centre d’analyse spécialisé auraient confirmé la présence de substances radioactives dans le corps de la jeune femme.

Une chose est sûre : il y avait une « forte concentration de certains métaux, notamment du cadmium et de l’antimoine » dans son sang, a fait savoir dimanche le procureur de Milan, Francesco Greco. Selon lui, le taux d’antimoine présent dans le sang d’Imane Fadil était trois fois plus élevé que la normale alors celle du cadmium était, elle, presque sept fois plus importante.

« Nous attendons le résultat de l’autopsie« , a toutefois tempéré le procureur milanais, précisant que les tests qui ont jusqu’ici été effectués ont écarté la présence dans son corps des « poisons les plus courants, en particulier l’arsenic« .

Interdiction d’approcher le corps

À la morgue de Milan où se trouve le corps de Imane Fadil, l’inscription manuscrite « Ne laissez personne le voir » apparait sur son dossier. La phrase indique que le procureur a interdit à toute personne d’approcher son corps, « pas même à ses amis et à sa famille », souligne ANSA.

Imane Fadil avait été hospitalisée le 29 janvier à, l’hôpital Humanitas, situé dans les environs de Milan. Elle est décédée le 1er mars dans le même établissement, a indiqué le procureur Francesco Greco, annonçant l’ouverture d’une enquête. Selon le Corriere della Sera, l’hôpital où se trouvait la jeune femme a procédé à des examens pour tenter de comprendre quelle était la cause de la détérioration de sa santé et, n’ayant rien trouvé, a envoyé des échantillons à un laboratoire spécialisé de Pavie, à une quarantaine de kilomètres de Milan.

Toujours selon le quotidien italien, les résultats sont parvenus le 6 mars, cinq jours après le décès de la jeune femme. Ils évoquent « la présence d’un mélange de substances radioactives qu’il n’est pas possible de trouver normalement dans le commerce ». De son côté l’avocat d’Imane Fadil, Paolo Sevesi, affirme que sa cliente lui aurait confié « sa crainte d’avoir été empoisonnée« , indique pour sa part l’agence AGI.

Imane Fadil s’est fait connaitre du grand public en 2012, quand elle a livré ses témoignages, dans le cadre du scandale sexuel Rubygate portant sur les soirées libertines « bunga-bunga » que l’ex-chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi organisait avec des jeunes femmes dans sa villa à Arcore, dans les environs de Milan, souligne l’AFP.

Berlusconi « navré »

Imane Fadil avait alors expliqué que le soir de sa première visite à Arcore, Berlusconi lui avait tendu une enveloppe contenant 2.000 euros (environ 22.000 dirhams), ajoutant: « ne vous offensez pas« . La jeune femme avait aussi décrit une « performance » de deux femmes déguisées en religieuses, avec « ballet sexy » et strip-tease.

« Je suis navré quand une personne jeune meurt. Je n’ai jamais connu cette personne et je ne lui ai jamais parlé« , a affirmé pour sa part Silvio Berlusconi au cours d’une réunion électorale dans la région de Basilicate qui doit élire son président dimanche. »Ce que j’ai lu concernant ses déclarations m’a toujours fait penser qu’il s’agissait de choses inventées et absurdes« , a-t-il ajouté. Dans le dernier procès en cours de la série Ruby, dans lequel Silvio Berlusconi est accusé de subornation de témoin et qui est toujours en cours, le tribunal avait rejeté en janvier la demande d’Imane Fadil de se constituer partie civile.