Deux ans après la bourde de Chabat, Baraka porteur d'un message royal en Mauritanie

Le secrétaire général de l’Istiqlal a remis un message royal au président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz à Nouakchott. Une visite qui intervient près de deux ans après les propos controversés du prédécesseur de Nizar Baraka sur la “marocanité” de la Mauritanie et qui s’inscrit dans le cadre d’un rapprochement entre les deux pays.

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Le réchauffement de l’axe Rabat-Nouakchott se poursuit. Le président mauritanien Mohamed Ould  Abdelaziz a reçu, dans la matinée du 4 mars, le secrétaire général du parti de l’Istiqlal venu lui remettre un message royal. Cette visite de Nizar Baraka intervient près d’une semaine après la réception à Rabat, par le prince Moulay Rachid, de Sidi Mohamed Ould Maham.

Le ministre mauritanien, également à la tête du parti présidentiel, s’était rendu dans la capitale pour remettre un message du chef de l’État mauritanien à l’intention du souverain. Sidi Mohamed Ouled Maham est également le président de l’Union pour la république (UPR), l’un des principaux partis politiques mauritaniens duquel le président Ould Abdelaziz est membre.

A cette occasion, le chef du parti à la balance a fait part de la volonté de sa formation  de “contribuer au développement de la coopération entre les deux pays et son évolution en partenaire stratégique” dans le but de contribuer à l’intégration maghrébine. Un projet auquel l’Istiqlal compte contribuer en “travaillant avec nos frères de l’Union pour la république”.

A l’origine était Chabat…

Cette visite de Nizar Baraka intervient un peu plus de deux ans après des propos controversés de son prédécesseur, Hamid Chabat, sur le voisin du Sud. En décembre 2016, l’ex-patron de l’Istiqlal avait affirmé que “ la Mauritanie est une terre marocaine et que les frontières du Maroc s’étendent de Sebta au nord jusqu’au fleuve Sénégal au sud”. Une sortie qui avait provoqué une réponse virulente de l’UPR, le parti au pouvoir en Mauritanie. Ce dernier avait notamment estimé que cette atteinte à la souveraineté de Nouakchott “n’est pas la meilleure façon pour traiter les questions et les dossiers épineux et ne mènera pas à la résolution du conflit du Sahara occidental”.

Pour mettre fin à la controverse suscitée par les propos de l’ancien leader de l’Istiqlal, l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane s’était alors rendu dans la capitale mauritanienne depuis laquelle il avait affirmé que “les propos du secrétaire général du parti de l’Istiqlal ne représentent ni les opinions du roi Mohammed VI ni celles du gouvernement et du peuple marocain”.

Le calumet de la paix

Depuis cette polémique, les deux pays ont opéré un rapprochement diplomatique comme en témoigne la réception, par le président mauritanien, de l’ambassadeur du Maroc à Nouakchott Hamid Chabar en juin 2018. Cinq  mois plus tard, c’est le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, qui se rendait à Nouakchott pour remettre, lui aussi, un message royal au chef d’État mauritanien. A cette occasion, le chef de la diplomatie marocaine avait également fait état de la volonté commune des deux chefs d’État “d’impulser les relations (entre les deux pays, NDLR) et de les hisser au niveau escompté”. Une nouvelle impulsion qui devait être accompagnée de “changements importants”, a indiqué le ministre sans donner plus de précisions.

En décembre 2018, le chef du gouvernement Saad Eddine El Othmani rencontrait son homologue mauritanien Mohamed Salem Ould El Bechir dans le cadre du G5 Sahel. Quelques jours plus tôt, se tenait à Genève la table ronde sur le Sahara, réunissant pour la première fois les parties impliquées dans le dossier du Sahara (le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie, ainsi que le Front Polisario).

Actuellement, le Maroc est le premier investisseur africain en Mauritanie où les entreprises marocaines opèrent notamment dans les secteurs des télécoms, le secteur bancaire la distribution du gaz ou encore la transformation des produits de la pêche. Les échanges commerciaux entre les deux pays sont estimés à 203 millions de dollars, mais la balance commerciale penche très largement en faveur du Maroc (200 millions de dollars d’exportation marocaine vers la Mauritanie contre 3 millions de dollars d’exportation mauritanienne vers le Royaume).

Sur la scène continentale, Nouakchott avait appuyé le retour du Maroc au sein de l’Union africaine au mois de janvier 2017. Un an plus tard, la Mauritanie a, selon la diplomatie marocaine, soutenu la candidature du Royaume au Conseil paix et sécurité de l’organisation panafricaine. Plus récemment, la Mauritanie, qui reconnait la RASD, a soutenu la candidature marocaine à l’organisation du Mondial 2026.

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