Amina Maelainine dénonce l'inquisition du PJD après la diffusion de ses photos parisiennes

Se disant victime d’un “acharnement incompréhensible”, la députée PJD Amina Maelainaine regrette, dans une lettre ouverte, d'avoir été interrogée par son parti sur sa vie personnelle après la diffusion de photos personnelles.

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Amina Maelainine a bel et bien comparu devant une commission du PJD présidée par Mustapha Ramid pour se justifier du fait qu’elle ne portait pas de voile lors d’un voyage privé à Paris. Des photos la montrant sans son voile, notamment devant le Moulin rouge, avaient été diffusées au début de l’année, suscitant une controverse. Dans une lettre ouverte envoyée la semaine dernière au secrétaire général du parti Slimane El Omrani et publiée par TelQuel Arabi, la députée affirme qu’elle a été interrogée sur sa vie privée par ladite commission. “On m’a demandé : est que tu as un projet de mariage ?”, regrette la députée, affirmant qu’elle a refusé de répondre à toutes les questions à “caractère personnel” à son sujet.

Faisant allusion aux idylles de Mohamed Yatim ou encore Lahbib Choubani, la députée affirme qu’elle ne s’est jamais imaginée que le parti agirait de la sorte, surtout qu’il “n’était jusqu’ici jamais intervenu dans la vie privée d’aucun autre de ses membres”.

“Citoyenne, femme et mère”

Comparant certains membres du PJD à des “chiens qui ont reçu l’ordre de manger sa chair pendant un mois et demi et qui ont disparu après l’exécution de l’opération”, Amina Maelainine estime que son passage devant la commission en question n’était pas conforme au règlement intérieur du PJD. “J’ai été victime en tant que citoyenne, femme et mère d’une large campagne de diffamation qui a violé mes droits et qui s’en est prise à ma vie privée”, poursuit-elle. Selon elle, les raisons de sa prise pour cible sont connues de plusieurs”.

Dans sa lettre, celle qui est également septième vice-présidente de la Chambre des représentants et membre du Conseil supérieur de l’éducation affirme avoir été victime d’un “acharnement incompréhensible” de la part des dirigeants de son parti, sans “rentrer dans des interprétations qui vont du règlement de compte politique (…) jusqu’au fait d’être une femme dans une société qui traite les hommes différemment”.

La “justice du ciel”

Amina Maelainine indique par ailleurs avoir rendu visite au “frère” et secrétaire général du parti, Saâd Eddine El Othmani pour lui parler de “la campagne qui la vise et du fait que ce qu’elle subit n’était pas facile pour elle”. “Il m’a répondu : et ce que vous m’avez fait subir, c’était facile ? C’est la justice du ciel”, raconte-t-elle. La députée affirme avoir été “grandement choquée” par les propos du chef de gouvernement, d’autant plus qu’elle parlait “au dirigeant politique et médecin psychiatre qu’il est”.

Je n’ai pas fait appel au parti et je n’ai pas demandé son soutien depuis le début de cette affaire parce que j’estimais que (…) c’était ma bataille personnelle”, ajoute-t-elle. Et de poursuivre : “J’ai préféré ne pas embarrasser le parti et y faire face seule. Je l’ai fait savoir au frère Mustapha Ramid dès le début – j’ai peut-être commis des erreurs en gérant cette bataille acharnée, mais au final, je l’ai fait seule avec le soutien de ma famille, de mes amis et de mes sympathisants. J’ai d’ailleurs reçu des coups de fil de soutien de la part de plusieurs personnalités politiques de tous bords. Le PJD, lui, était resté en dehors de ça, jusqu’au jour où j’ai appris que le respectable secrétariat général voulait rouvrir le dossier”.

Je considère clairement que je n’ai violé aucun de mes contrats avec le parti et je n’ai failli à aucun de mes devoirs envers lui en tant que membre ou membre élu, que ce soit au niveau des dispositions du règlement constitutif ou interne. Je me suis battu pendant plus de 23 ans dans ses rangs et dans tous les sites (…) et je reste convaincue qu’aujourd’hui, je paie en quelque sorte le prix de mon militantisme”, insiste la députée.

Contacté dans la matinée, le secrétaire général adjoint du parti, Slimane El Amrani, n’a pas souhaité commenter le contenu de la lettre, affirmant que le “dossier était en cours d’examen”.