Benkirane à Akhannouch : "Si tout est fait par le roi, vous servez à quoi au juste ?"

Dans son désormais traditionnel Facebook Live du week-end, Abdelilah Benkirane s'est exprimé dimanche sur le débat autour de l'enseignement des matières scientifiques et techniques en langues étrangères, et a aussi vertement critiqué Aziz Akhannouch.

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Abdelilah Benkirane © Yassine Toumi

Depuis quelques semaines, l’ancien chef du gouvernement ne manque pas une occasion de discourir sur sa situation, mais aussi sur des sujets brûlants de l’actualité. Ce dimanche Abdelilah Benkirane s’est prêté à nouveau à l’exercice dans une vidéo de 45 minutes diffusée en direct sur sa page officielle Facebook. Après être revenu une énième fois sur “ la phase difficile” de son limogeage par le roi et de sa mise à l’écart alors qu’il comptait briguer un troisième mandat à la tête du PJD, il a tenu à expliquer son choix de communiquer sans filtre, après avoir un temps pris ses distances avec la politique.

J’aurais pu me taire ou intervenir sur des sujets qui conviennent à la stature d’un ancien chef du gouvernement (…), mais je m’en excuse, je ne vais pas changer ma nature. Si je peux dire des choses qui peuvent être bénéfiques aux citoyens, je le ferai”, explique Benkirane depuis son salon. Il ajoute : “L’image stéréotypée de l’ancien chef du gouvernement qui n’intervient que pour prodiguer des paroles officielles, ça ne me convient pas. Je suis Abdelilah Benkirane que vous connaissez, et je me dois de parler. Et aujourd’hui au Maroc, il se passe des choses que je ne peux pas passer sous silence”.

Sur le débat autour de l’enseignement des matières scientifiques en langues étrangères, l’ancien patron du PJD tranche, sans surprise, en faveur de la langue arabe. Il s’aligne ainsi sur la position de son parti. Il va jusqu’à dire que le débat “ n’est pas technique, mais existentiel”. Contrairement aux élèves des missions européennes ou américaines et des écoles privées, “ 90% des Marocains qui n’ont pas les moyens vont faire face à des problèmes. Ils ne vont rien comprendre”, estime l’ancien chef du gouvernement.

Pour lui, “l’arabisation des matières scientifiques a facilité la compréhension de ces matières (…)”. Et bien que les sciences soient enseignées en français dans le supérieur, il n’en démord pas.  Je pense qu’il est plus simple pour un étudiant de 18 ans d’être confronté à des difficultés face à des langues étrangères, qu’un élève de 13 ans”, souligne-t-il. Catégorique, Abdelilah Benkirane soutient que la version actuelle du projet de loi-cadre sur l’enseignement “sera un échec et aura un impact négatif sur les élèves”.

L’intervention une semaine auparavant de Aziz Akhannouch à Dakhla où il a donné crédit au roi Mohammed VI pour l’ensemble des grands chantiers des politiques sociales de ces dernières années n’a pas été au goût de Benkirane. “ J’ai plusieurs fois donné des conseils à Si Akhannouch, mais en vain (…) j’ai réfléchi aux propos qu’il a tenus à Dakhla et je pense qu’il est entrain de nous dire aujourd’hui que s’il devient chef du gouvernement en 2021, il ne va rien faire”, indique-t-il. Benkirane interpelle alors directement le patron du RNI : “si tout est fait par le roi, vous servez à quoi au juste ? Sa Majesté a besoin d’un chef du gouvernement fort et non pas d’un coordinateur comme ce fut le cas avant (…) et ce que vous dites, je l’ai déjà dit avant vous. Vous faites simplement de la surenchère sur la question de la monarchie !”

Publiée par ‎عبد الإله ابن كيران – Abdelilah Benkiran‎ sur Dimanche 3 mars 2019