Après le rejet du plafonnement des marges, Lahcen Daoudi tente la voie de la concertation

Alors que le Conseil de la concurrence s’est prononcé contre un plafonnement des marges des distributeurs de carburants, Lahcen Daoudi a rencontré les représentants du Groupement des pétroliers du Maroc le 19 février.  L’objectif de cette entrevue ? Trouver un consensus sur un plafonnement qui serait, cette fois-ci, concerté.

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Lahcen Daoudi. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Lahcen Daoudi tient coûte que coûte au plafonnement des marges de distributeurs de carburants. Après le rejet de cette option par le Conseil de la concurrence, le ministre délégué chargé des Affaires générales s’est réuni, le 19 février, avec les représentants du Groupement des pétroliers du Maroc (GPM). Une rencontre dont l’objectif était de parvenir à un consensus sur un plafonnement concerté des marges des distributeurs.

Une rencontre fructueuse selon le ministre, dont les propos ont été relayés par nos confrères de Medias24. Les pourparlers ont ainsi abouti à une « solution négociée » qui permet au gouvernement de ne pas  recourir à l’article 4 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence. Cette dernière autorise l’Etat à intervenir pour réguler les prix dans un secteur libéralisé. « Au lieu d’appliquer un plafond de façon unilatérale, nous avons convenu d’aller vers un plafond concerté », se félicite Lahcen Daoudi.

Selon la même source, le ministre a insisté sur la réussite de sa concertation avec les pétroliers. Les deux parties prenantes se sont même penchées sur les détails, notamment le seuil de marge que les pétroliers devront respecter.

Le GPM réfute

Nous dirigeons-nous vers un « deal » libérateur ? Que nenni ! Adil Ziady, président du Groupement des pétroliers du Maroc (GPM) et représentant des pétroliers lors de la réunion avec le ministre, nous confirme qu’« il s’agit d’une simple manœuvre politicienne ».

Le représentant des pétroliers explique, dans ce sens, que le plafonnement constitue « un danger pour les professionnels du secteur », car il établira un retour sur la libéralisation, avec « tous les engagements qui ont été pris et les conventions qui ont été signées avec l’État ». En outre, conformément à la décision de l’État de libéraliser le secteur, « les pétroliers ont engagé des investissements à hauteur de 10 milliards de dirhams, notamment dans les stockages, la constitution du stock de sécurité, la rénovation du réseau des stations de services, l’affichage, ainsi que la refonte du contrat », s’indigne Adil Ziady.

Le retour sur la libéralisation des règles du marché est aussi un retour à la subvention étatique. « En cas d’augmentation des prix du baril de pétrole à l’international, l’État, étant l’organe qui fixe les prix, sera amené à remettre en place la subvention », explique le président du GPM. Cela constitue selon lui un « réel danger » pour l’économie nationale, « sachant que la subvention coûtait à l’État 35 milliards de dirhams par an ».

Par ailleurs, « Le gouvernement a toute la latitude de fixer sa politique économique et les choix qui en découlent », souligne Adil Ziady. « De notre côté, nous sommes disposés à appliquer toutes les décisions qui seront prises par l’Exécutif », conclut-il.

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Dans son avis  présenté le 15 février, le Conseil de la concurrence avait affirmé que le plafonnement des marges, s’il était acté par le gouvernement, ne serait « pas judicieux d’un point de vue économique, concurrentiel et en termes de justice sociale». Pour l’instance dirigée par Driss Guerraoui, « le plafonnement est, d’abord, une mesure conjoncturelle limitée dans le temps » qui « ne va pas changer la réalité des prix». Le Conseil avait également estimé que « le plafonnement donne un mauvais signal au marché, car les investisseurs ne seront pas rassurés et n’auront aucune visibilité dans le secteur ».