Najia Nadhir, mystérieuse mécène d'Ouled Farès

Femme d’affaires établie entre Londres, Dubaï et Settat, Najia Nadhir est devenue la coqueluche des réseaux sociaux après avoir fait don de 12 millions de dirhams pour la construction d’un lycée dans la région de Settat. Qui est-elle et qu’est-ce qui a motivé son geste ? Eléments de réponse.

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Depuis ce weekend, cette femme encore inconnue du grand public fait beaucoup parler d’elle. Originaire de la petite commune rurale d’Ouled Fares, dans la région de Settat, Najia Nadhir s’est fait remarquer en faisant don de 12 millions de dirhams pour la construction d’un lycée et d’un internat. Elle a également offert un million pour la réfection d’une autre école primaire. Le 16 février dernier, elle a signé deux conventions à cet effet avec la province de Settat et la direction provinciale de l’Education nationale.

En finançant ces opérations, la femme d’affaires a été érigée en héroïne nationale par certains. D’autres l’ont même comparée à la fondatrice de l’université Al Qarawiyine à Fès, Fatima Al Fihriya. À la MAP, la mécène de Settat a expliqué qu’elle ne supportait plus que « des élèves, surtout les filles, abandonnent leur scolarité à cause de l’absence d’un lycée ». Elle a donc dû « réfléchir à une manière de les aider et de les motiver ».

« C’est un grand jour pour moi. J’ai le sentiment d’avoir fait une bonne initiative qui profitera à plusieurs enfants. Ces enfants seront le levier de la société marocaine de demain. J’espère que d’autres bienfaiteurs feront comme moi. Je souhaite le meilleur pour tout le monde », a-t-elle ensuite expliqué, quelques instants après avoir paraphé son partenariat avec les autorités locales. « Dieu merci, tout s’est bien passé. Le gouverneur a été parmi les premiers à me soutenir dans ce projet », assure-t-elle.

Najia Nadhir a aussi expliqué son geste par la longue distance que doivent parcourir les élèves de sa région pour se rendre à leur lycée. Un facteur parmi d’autres qui favorise selon elle la déperdition scolaire. « A l’heure actuelle, les enfants doivent parcourir environ 15 kilomètres pour aller à l’école. (…) Pourquoi ne pas leur rapprocher l’école ? », explique-t-elle. La bienfaitrice assure avoir fait ce don dans le seul but de « contribuer à l’amélioration de l’école rurale ».

Hajja Zahra

Au lendemain de la signature officielle, Najia Nadhir enflammait les réseaux sociaux. Pourtant, à la conférence de presse qu’elle a organisée à son domicile, elle a refusé d’être filmée, disant vouloir garder la « discrétion » absolue. Qui est vraiment cette femme ? Jusqu’ici, peu d’informations circulent à son sujet. Selon plusieurs médias arabophones, elle aurait fait fortune aux Emirats arabes unis, avant de s’installer à Londres, avec son époux qui serait aussi de nationalité émiratie. Elle aurait ainsi plusieurs investissements à son actif. On ne sait toutefois pas dans quel(s) domaine(s) ces derniers ont été réalisés.

« Je suis une citoyenne marocaine. J’ai vécu avec des gens issus de la classe populaire et j’en fais moi-même partie et j’aime la campagne. Tout le monde sait ici que Zahra (son surnom dans sa commune natale) aime les vaches, j’aime traire. Je trouve mon plaisir dans ces choses », a-t-elle confié au 360.ma, toujours le visage caché. « Najia est une bonne femme. Elle nous a construit une mosquée ici dans le douar Lehdilat et maintenant une école. Cela fait environ 12 ans qu’elle fait de bonnes actions ici. Elle m’avait envoyée avec six autres personnes faire le hajj. Que Dieu la protège », réagit un habitant de sa commune, interrogée par la même source.

Son frère, lui, nie toute ambition politique derrière le don de sa sœur. « Nous sommes des fils de la région, de père en fils. Je dis aux personnes qui l’accusent de faire ça pour se préparer aux élections (communales) que nous n’avons rien à voir avec ça (la politique). Ma sœur a les moyens et elle a à plusieurs reprises fait de bonnes actions pour la communauté. Sauf que cette fois, elle a été médiatisée par la presse et les réseaux sociaux », explique Rachid Nadhir, interrogé par Hespress.

« Nous avions proposé à la hajja de nous financer la réhabilitation de plusieurs endroits de notre école. Elle a fait plus que ça et a construit sept nouvelles salles de classe », confie de son côté Mohamed Mourtada, président de l’association des parents d’élève de l’école primaire dont les travaux de réfection sont déjà avancés. Dans ses déclarations, Najia Nadhir a aussi insisté sur l’importance de l’éducation conformément à la « volonté royale ». « Nous suivons ses directives, nous sommes derrière lui », a encore assuré la mécène.