Les non-voyants chômeurs envisagent le suicide

Dans un rapport adressé à Amnesty International et au Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme, la coordination des non-voyants diplômés chômeurs annonce que certains de ses membres ont tenté de se suicider et que le gouvernement est responsable de ce qui pourrait arriver dans les prochains jours.

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Les diplômés non-voyants revendiquent un emploi dans la fonction publique conformément au décret de loi n°2.16.145 qui fixe à 7% le quota consacré aux personnes en situation de handicap. Crédit: AIC Press

Les non-voyants chômeurs sont remontés. Dans un rapport adressé à plusieurs organismes onusiens dont le  Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, ainsi qu’à Amnesty International, la Coordination nationale des non-voyants diplômés chômeurs dénonce la « marginalisation, la violence et l’ignorance des élites à leur égard ».

Dans ce rapport aux allures de courrier revendicatif, les membres de la coordination réclament des emplois dans la Fonction publique, et ce en application de la loi 2.16.145 qui fixe à 7% le quota consacré aux personnes en situation de handicap. Pour se faire entendre, cette commission  a organisé  une série de sit-in et de manifestations devant le ministère de la Famille.

Selon la coordination, plusieurs de ses membres ont eu recours à des tentatives de suicide au cours de ces derniers jours en raison de « l’absence d’une vision politique (les concernant) de la part du gouvernement ». Dans ce rapport diffusé ce weekend sur les réseaux sociaux, la coordination fait ainsi « porter la responsabilité de ce qui se passera à l’avenir au gouvernement, dans le cas où il poursuit sa politique de tromperie, de mensonge, d’exclusion et de marginalisation ».

10 ans de revendications

« Cela fait plus de 10 ans que les non-voyants essaient par tous les moyens possibles de faire part de leurs souffrances et de leur droit à une vie décente. Malheureusement, le gouvernement n’a proposé qu’une approche sécuritaire et une politique de répression face à des revendications légitimes et justes, soit une intégration dans la fonction publique », estime  la coordination dans son rapport.

Le 7 octobre dernier, un sit-in organisé au sein même du département de Bassima Hakkaoui a viré au drame. Saber Haloui, 28 ans, originaire de Marrakech, avait trouvé la mort après sa chute accidentelle du toit du bâtiment. Le 16 octobre, la Coordination faisait savoir qu’elle suspendait son sit-in après que « plusieurs groupes parlementaires se soient engagés à proposer au gouvernement un projet de loi actant l’octroi de postes dans la fonction publique aux non-voyants diplômés chômeurs, quels que soient les domaines de leurs compétences », souligne le rapport.

De plus, le « Wali de la région de Rabat avait promis de suivre ce dossier et de faire en sorte qu’une solution soit trouvée au plus vite. Chose qui n’a toujours pas été faite jusqu’à ce jour », déplore la coordination.

Ce n’est pas la première fois que la menace de suicides est brandie pour faire réagir le gouvernement. En mai 2016 déjà, une dizaine de membres menaçait de s’immoler par le feu. Plus récemment, en mars 2018, plusieurs ont manifesté sur le pont Hassan II reliant Rabat et Salé, en s’aspergeant d’essence et en menaçant d’y mettre le feu.