Le duo Shayfeen au cœur d'un documentaire diffusé sur 2M

Wadrari, collectif créé par Shayfeen, donne son nom au documentaire de Fatim Bencherki. Une plongée intime dans l'univers créatif et cru du rap mêlant le spleen d'une jeunesse désabusée et  la rage de poursuivre ses rêves à travers l'adversité.

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Le groupe de rap Shayfeen, objet du documentaire " Wadrari " de Fatim Bencherki Crédit: Vice Media

Ce dimanche à 21h30, 2M diffuse Wadrari, un documentaire de Fatim Bencherki qui nous propose une immersion dans les concerts et la vie privée de Shobee et Small-X, membres fondateurs du groupe de rap Shayfeen. La réalisatrice nous fait découvrir une jeunesse en plein désarroi qui cherche à casser les codes dans une société qui ne comprend pas ses aspirations, et qui reste déterminée à prendre son destin en main.

Le monde ou rien

« Je voulais montrer comment des personnes très jeunes prennent le risque de devenir artistes et de suivre leurs rêves ,aussi fous soient-ils », explique la réalisatrice Fatim Bencherki. Les deux membres de Shayfeen, du haut de leurs 26 et 27 ans, cumulent déjà 13 ans d’expérience. Originaires des quartiers sensibles de Safi, ils se produisent aujourd’hui dans des festivals comme L’Boulevard. Ils comptent aussi à leur actif quelques passages en Europe, avec notamment une première représentation le 25 avril 2018 à La Bellevilloise de Paris.

Wadrari nous emmène dans les coulisses d’un groupe de rap qui construit son futur et se bat pour exister et être reconnu en tant qu’artiste, créateur d’un mouvement et d’une dynamique. « Ce que j’aime chez Shayfeen, c’est qu’ils défendent vraiment un idéal. Ils ne font pas ça pour gagner de l’argent à tout prix ou frimer. Ils veulent démontrer qu’avec rien du tout, on peut réaliser de grandes choses », affirme la réalisatrice.


C’est donc après un tournage en continu pendant 7 mois, rassemblant différentes dates de concert du groupe et des moments de vie privée que Wadrari a vu le jour. La bande-annonce laisse entrevoir des images léchées sur des scènes déchaînées, de la passion musicale, des doutes et une certaine amertume face à des familles qui ne comprennent pas le choix des deux artistes. « Tu sais, les gens dans ce pays ils ne comprennent rien à l’art… C’est juste un passe-temps pour eux », lance l’un des membres du groupe dans la diffusion de la bande-annonce. Le documentaire traduit une ambiance et une situation générationnelle, largement partagée par les jeunes du pays.

La jeunesse de la torpeur

Wadrari, au-delà de la plongée intime et l’aspect biographique, a également l’ambition de dresser le portrait d’une jeunesse qui rêve, qui n’est pas comprise, qui désire le monde, mais qui n’a autour d’elle que le vide et le manque d’horizon. « Dans les quartiers dont ils sont originaires, ce n’est pas la pauvreté le problème. C’est la torpeur. Le néant. Il n’y a pas de perspective, ni d’encouragement. Souvent, les membres de Shayfeen me disaient qu’ils ne voulaient pas écouter leur entourage. Autrement, ils n’auraient pas trouvé la volonté de continuer », nous apprend Fatim Bencherki.

Kamil Tahiri, photographe sur le festival L’Boulevard pour le documentaire Wadrari, raconte : « au Boulevard, nous avons à faire à une jeune faune que l’on ne voit nulle part ailleurs. La manière dont ces jeunes s’habillent, se comportent, c’est incroyable. Ils se projettent énormément face aux artistes qu’ils voient. Tout le monde attendait Shayfeen ».

La partie filmée au Boulevard avait pour but de montrer le dialogue entre la scène locale à Casablanca et deux artistes qui commencent à s’exporter à l’international. « Ils représentent le rêve auquel aspirent tous ces jeunes », poursuit Kamil Tahiri. « Tout le monde se dit, moi j’ai toujours voulu faire ci, ou ça. J’étais curieuse de savoir comme ces gamins avaient franchi le pas. C’est un espoir pour tous », conclut la réalisatrice.