A Casablanca, entre urgence et appel au calme autour de la grippe A

Le 31 janvier, le ministre de la Santé Anas Doukkali annonçait un nouveau bilan de 5 décès liés au virus de la "grippe A" H1N1 tout en tentant de rassurer. Malgré de nouveaux cas avérés à Casablanca, le corps médical appelle à ne pas céder à la psychose.

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Les hôpitaux se préparent pour pouvoir accueillir le maximum de personnes contaminées dans les meilleures conditions. Crédit: Yassine Toumi/TelQuel

Des sources médicales de TelQuel au sein de l’hôpital universitaire de Casablanca nous apprennent que dans la matinée du 1er février, «des tests sont effectués actuellement sur des patients qui souffrent de symptômes de détresse respiratoire aiguë. Il s’agit de supposition pour le moment, rien n’est confirmé en ce qui concerne la souche H1N1 ».

Des mesures, plus préventives que d’habitude ont néanmoins été prises, alors que 5 patients sont décédés au Maroc depuis le début de la semaine, atteints de la « grippe A». « Du jour au lendemain, tout le CHU s’est retrouvé en bavette (masque médical destiné à éviter les sécrétions par voies aériennes, NDLR). Nous avons remarqué ça avec les collègues. Ça a été distribué dans tous les services ainsi qu’aux urgences, » nous confie une médecin de l’hôpital, décrivant une drôle d’ambiance que les praticiens rapportent dans leurs « stories » sur les réseaux sociaux.

Mais outre les accoutrements du personnel hospitalier, la situation ne prête pas à sourire. De sources médiatiques concordantes, un nouveau cas avéré de patient porteur du H1N1 a été diagnostiqué en fin d’après midi, en service de réanimation pédiatrique. Cependant, les professionnels de la santé tentent par touts les moyens de faire preuve de pédagogie pour calmer la psychose.

 » Il y a un grand amalgame « 

« Il y a un grand amalgame ». Tels étaient les mots du professeur Hicham Nejmi, secrétaire général du ministère de la Santé, contacté par TelQuel. « On ne peut pas communiquer sur tous les cas de grippe que l’on examinerait au Maroc. Sur plus de 500 échantillons prélevés à titre indicatif, 80% d’entre eux sont du H1N1. C’est la souche prédominante cette année. Une souche comme les autres, » rassure le professeur Nejmi.

Egalement contacté par TelQuel, le professeur Kamal Marhoum El Filali, chef du service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd de Casablanca calme le jeu : « Est-ce qu’il y a eu des cas de détresse respiratoires qui ont fait évoquer le H1N1 au service de réanimation ? C’est possible, je ne dirais pas non, mais je n’en ai pas connaissance. Il faut savoir que ça fait partie des choses habituelles. Les cas de grippe en cette saison sont nombreux. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’actuellement, au service des maladies infectieuses, personne n’est hospitalisé pour une grippe H1N1 ».

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Anas Doukkali, ministre de la Santé avait déclaré le 31 janvier que les 5 victimes du virus étaient « des personnes vulnérables ayant subi des complications consécutives à une affection grippale par ce virus ». Le ministre avait également fait la promesse « d’informer régulièrement et d’une manière transparente ». Il sera l’invité de l’émission « Confidences de presse » dimanche soir pour s’étendre sur le sujet.

Le ministre avait également annoncé le 31 janvier, que le Maroc recevrait le 1er février une livraison de 1.000 boites de Tamiflu. Cet antiviral doit être administré dans les 48 heures suivants les premiers symptômes de la maladie. 15.000 boites suivront dans un second temps, à compter de la fin de semaine. Le médicament produit par le laboratoire Roche n’étant pas fabriqué au Maroc, un délai nécessaire pour l’acheminement. Le Maroc consomme annuellement 1.000 boites de cet anti-viral.