On a le même président depuis 17 ans et la situation ne fait qu’empirer. On a besoin de changement !” Comme de nombreux Congolais, Emilie*, assistante de direction à Kinshasa, attendait les résultats des élections du dimanche 30 décembre avec impatience. Mais la trentenaire, que nous avons réussi à contacter via l’application WhatsApp, avait peu d’espoir de voir Joseph Kabila lâcher réellement le pouvoir. C’est pourtant son opposant, Félix Tshisekedi, qui l’a emporté le jeudi 10 janvier, avec 38,57% des voix, après une longue nuit de suspense.
Le scrutin était particulièrement important pour le quatrième pays le plus peuplé d’Afrique, aux neufs pays frontaliers : il s’agit de la première transition pacifique depuis l’indépendance de l’ex-Zaïre en 1960, malgré un retard de deux ans dans l’organisation de ce scrutin. Le moment venu, la désorganisation attendue a été au rendez-vous. Bureaux de vote ouverts en retard, noms inscrits absents des listes, machines à voter électroniques considérées comme peu fiables, trois villes acquises à l’opposition (Béni, Butembo, Yumbi) empêchées de voter en raison des violences des milices et d’Ebola… “On a dû faire la queue pendant...