Premier forum africain sur la formation professionnelle : et en pratique ?

Avec le premier forum africain sur la formation professionnelle, vendredi 21 et samedi 22 décembre à Dakhla, le gouvernement marocain souhaite s’affirmer en tant que leader de la formation professionnelle en Afrique. Un pari osé en plein couac de la réforme nationale de la formation professionnelle. 

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Après plus de trois mois de négociations et de pénibles aller-retours de la part d’El Othmani, le gouvernement propose, en grande pompe à Dakhla – vitrine de la marocanité du Sahara  comme le rappelle Said Amzazi, ministre de l’Education — une vision panafricaine de la formation professionnelle. Comme pour faire passer la pilule amère de l’échec du ministère de l’Education dans sa stratégie de réforme de la formation professionnelle, qui ne cesse d’être reportée. Pour ce premier forum africain sur la formation professionnelle, le gouvernement, El Othmani et Amzazi en chefs de file, ne cache pas sa volonté de hisser le Maroc au rang de modèle africain : « Au Maroc, la formation et l’employabilité des jeunes sont au cœur de la stratégie de développement impulsée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui n’a eu de cesse de rappeler dans ses discours l’importance de la formation professionnelle en tant que levier essentiel pour la promotion de l’emploi des jeunes »,  rappelle le ministre. 

Des paroles, des paroles, des paroles

Ce rendez-vous de deux jours se veut une opportunité pour les gouvernements et les experts, venus d’une vingtaine de pays africains, d’examiner les enjeux et les défis communs liés à la gouvernance de la formation professionnelle en Afrique et son impact sur la valorisation du capital humain, dont la moyenne d’âge est de 20 ans. Une urgence pour le continent, où les jeunes sont 3 fois plus exposés au chômage que le reste du monde. Pour cristalliser la coopération Sud-Sud et promettre une atomisation des politiques en matière d’employabilité, l’OFPPT a signé six conventions avec le Djibouti, le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, la Guinée Bissau et le Madagascar. 

La réforme nationale passée sous silence 

L’objectif du forum semble tout aussi vague que le programme national de réforme pour la formation professionnelle impulsé par El Othmani ; et caractéristique de la désorganisation du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, pointée par la Cour des comptes. Alors, concrètement, le forum panafricain aura t-il un quelconque impact sur la réforme marocaine ? Interrogé par TelQuel en marge des déclarations officielles, le chef du gouvernement parait décontenancé par la question : « Nous verrons… », lâche-t-il après un long moment d’hésitation. Beaucoup de théorie pour un forum qui prône l’acquisition de connaissances pratiques en réalité avec le marché du travail.