Génération identitaire s'invite à Marrakech contre le pacte sur la migration

Des membres du groupuscule français d'extrême droite, Génération identitaire, sont venus perturber la tenue du sommet onusien à Marrakech. Ils auraient été interpellés par la police marocaine après avoir brandi une bannière revêtue d'un message s'opposant à l'adoption du pacte mondial sur les migrations.

Par et

@RomainEspino / Twitter

Non au pacte de la migration. Stop à l’immigration massive ». C’est derrière une bannière rouge flanquée de ce message, que des militants, vraisemblablement au nombre de trois, du mouvement français d’extrême droite, Génération identitaire, sont venus faire part ce 11 décembre de leur farouche opposition à l’adoption du pacte onusien pour des « migrations sûres, ordonnées et régulières ».

« Nous nous opposerons partout à ceux qui trahissent les intérêts de la France et de l’Europe », a publié sur Twitter, aux alentours de 13 heures, Romain Espino, le porte-parole du groupuscule. Quelques minutes plus tard, ce même porte-parole poste un autre tweet indiquant cette fois-ci que les membres du mouvement venus protester à Marrakech avaient été interpellés par la police marocaine.

Gilets jaunes, fake news et coup de com’

Ce n’est pas la première fois que Génération identitaire se prononce sur la question migratoire. En France, ces dernières semaines, ils se sont montrés très actifs dans la campagne de désinformation qui a contribué à crisper le contexte avant la tenue du sommet à Marrakech. Des membres du mouvement, classé à l’extrême droite de l’échiquier politique français, se sont en effet mêlés aux manifestations des Gilets jaunes pour faire part de leur opposition au PMM, responsable, selon eux, de réduire la « souveraineté » de la France sur la migration.

Également très actifs sur les réseaux sociaux, ils ont contribué à la propagation de fake news sur cette question, alimentant ainsi les fantasmes, allant déjà crescendo, autour de ce pacte.

En avril dernier, une centaine d’entre eux, alors vêtus de doudounes bleues, avaient investis le col de l’Échelle dans les Hautes-Alpes françaises, pour empêcher des « clandestins » d’emprunter ce point de passage situé à six kilomètres de la frontière italienne. Une volonté « d’installer une frontière symbolique », avait expliqué Génération identitaire. Pour l’occasion, ils avaient également affrété deux hélicoptères pour survoler la zone montagneuse. Sur certains panneaux brandis au cours de cette action on pouvait lire : “Vous ne ferez pas de l’Europe votre pays”, “Rentrez dans votre pays”.

Romain Espino, le porte-parole du groupuscule, avait alors justifié auprès de l’AFP qu’il s’agissait d’une démarche « humaine » qui visait à « expliquer aux éventuels migrants que ce qui n’est pas humain, c’est de faire croire à ces gens qui traversent la Méditerranée ou les Alpes enneigées que ce parcours ne présente aucun risque. » Un coup de com’ qui avait remis les militants du mouvement sous le feu des projecteurs. Jusque-là les actions du groupe se concentrant surtout dans différentes villes françaises, comme Lille, Lyon ou Marseille.

Proche de l’extrême droite

Cette mouvance d’extrême droite est également jugée proche du Rassemblement national (RN, anciennement Front national) de Marine Le Pen – comme en témoigne un reportage de la chaîne qatarie Al Jazeera. Lors de ces dernières semaines, en plein contexte des Gilets jaunes, le parti français avait également souligné son opposition au texte onusien. « Dans la situation que connaît le pays, la signature du pacte constituerait une nouvelle insulte faite aux Français les plus pauvres », avait mis en garde Marine Le Pen, le 8 décembre à Bruxelles. La cheffe du RN avait d’ailleurs qualifié le PMM de « texte insensé, qui vise à protéger 225 millions migrants», et le considérant même comme « un pacte avec le diable ». 

Mise à jour à 18h30: 

La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a démenti « de manière catégorique les allégations et les mensonges véhiculés sur les réseaux sociaux faisant état de l’arrestation de citoyens étrangers sur fond de leur participation à un acte de protestation en marge de la Conférence intergouvernementale sur la migration qui se tient à Marrakech », rapporte l’agence MAP.

Dans un communiqué, la DGSN affirme que « pour éclairer l’opinion publique et corriger ces informations erronées et dénuées de tout fondement, qu’elle n’a entrepris aucune mesure restrictive ou privative de liberté à l’encontre d’aucun citoyen étranger ou marocain dans la ville de Marrakech en marge des travaux de cette conférence ».