Une enquête parlementaire pour déterminer les "vrais responsables" des retards des projets d'Al Hoceima ?

Le groupe istiqlalien appelle à la création d’une commission d’enquête parlementaire qui aurait pour mission d’évaluer l’évolution des différents chantiers du projet de développement « Al Hoceima, Manarat Al Moutawassit » et de désigner les "vrais responsables" des retards d’exécution.

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Al Hoceima. Crédit: Yassine Toumi/TelQuel

Lancé en 2015 par le roi Mohammed VI, et relancé suite au « séisme politique» de 2017, le programme quinquennal de développement spatial de la province d’Al Hoceima n’atteint pas encore ses objectifs pour le groupe istiqlalien de l’unité et de l’égalitarisme à la Chambre des représentants. Le groupe a déposé une demande pour constituer une commission d’enquête sur les projets qui s’inscrivent dans le cadre dudit programme.

« Depuis son lancement en 2015, ce programme royal a connu de multiples dysfonctionnements et a engendré plusieurs crises politiques, notamment le séisme politique de 2017 et le Hirak du Rif. À ce jour, plusieurs des chantiers programmés ne sont pas accomplis, et il est de notre droit de déterminer les causes des retards importants affectant la réalisation de ces projets », explique Nourdin Moudian, président du groupe istiqlalien, à TelQuel. Et d’ajouter : « Les zones rurales de la région d’Al Hoceima sont les plus impactées par ces dysfonctionnements. Plusieurs projets peinent à démarrer, d’autres, interrompus à quelques mois seulement, de la date butoir, et concernent des secteurs stratégiques, notamment la santé, d’éducation et les infrastructures routières et d’assainissement ».

Selon la même source, cette commission d’enquête aurait également pour mission de désigner les « vrais responsables » de ces retards et d’appliquer les principes fondamentaux de la reddition des comptes. « Il est de notre rôle de déterminer les vrais responsables de la non-réalisation des différents chantiers s’inscrivant dans le cadre du programme. Rappelons qu’il s’agit d’un projet transversal impliquant plusieurs départements ministériels », poursuit-il.

Le PAM visé ?

Selon le quotidien Al Massae, le Parti authenticité et modernité (PAM) s’est fermement opposé à la constitution de cette commission, la considérant comme une « tentative de règlement de comptes ». Contacté par TelQuel, Mohamed Chrourou, président du groupe Authenticité et modernité à la Chambre des représentants a démenti cette information en la jugeant qu’elle est « sans fondement ».

« La constitution d’une commission d’enquête sur l’état d’évolution des chantiers du programme Al Hoceima, Manarat Al Moutawassit rentre dans le cadre des prérogatives des parlementaires. C’est une action louable à laquelle nous adhérons activement », annonce Mohamed Chrourou. Avant d’ajouter, « la commission déterminera les responsables des dysfonctionnements qui entravent la réalisation de certains projets dudit programme. S’il s’avère que l’un de nos responsables locaux a manqué à ses obligations, nous serions les premiers à demander à ce qu’il soit jugé ».

Remis au roi Mohammed VI en octobre 2017, c’est un rapport de la Cour des comptes sur le programme « Al Hoceima, Manarat Al Moutawassit » qui avait conduit au limogeage des ministres Mohamed Hassad, Mohamed Nabil Benabdellah, Houcine El Ouardi, et Larbi Bencheikh. Le directeur de l’ONEE, Ali Fassi Fihri, avait également était relevé de ses fonctions. Le souverain avait aussi exprimé son « mécontentement » à l’égard d’anciens responsables gouvernementaux, affirmant qu’ « aucune responsabilité officielle ne leur sera confiée à l’avenir ». Il s’agissait des anciens ministres Rachid Belmokhtar, Lahcen Sekkouri, Hakima El Haité, Lahcen Haddad et Amine Sbihi. Sauf une synthèse, le rapport de Driss Jettou n’a pas été rendu public.