Hausse des frais de scolarités en France : les explications de l'ambassade

Après l'annonce de l'augmentation des frais de scolarité en France pour les étudiants non européens, l'ambassade de France à Rabat revient sur les ambitions du programme baptisé "Bienvenue en France". Pour rappel, quelque 40.000 étudiants marocains étudient dans l'Hexagone.

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Une salle de classe de l'université Paris I Panthéon-Sorbonne. Crédit: Stéphane de Sakutin/AFP

Dans le contenu du programme « Bienvenue en France », présenté par le Premier ministre français le 19 novembre, c’est l’explosion des frais de scolarités pour les étudiants non européens qui a le plus marqué. Et pour cause, les étudiants devront débourser jusqu’à 10 fois plus pour s’inscrire dans les écoles supérieures françaises à la rentrée 2019 : de 170 euros en licence à 2.770 euros, de 243 euros en master à 3.770 euros, et enfin de 380 euros à 3.770 euros en doctorat. Un vrai coup au porte-monnaie des 12.000 à 13.000 nouveaux étudiants qui arrivent chaque année en France.

L’ambassade de France à Rabat, par la voix de Clélia Chevrier-Kolacko, directrice générale de l’Institut français au Maroc, tient à rassurer. Il s’agit d’« accueillir plus et mieux », a-t-elle insisté le 21 novembre lors d’une conférence de presse à Rabat, rappelant que l’objectif de ce programme est d’attirer 500.000 étudiants étrangers à l’horizon 2027, contre 330.000 actuellement. De fait, dans la catégorie des pays non anglophones, la France est déjà le pays qui accueille le plus d’étudiants étrangers au monde.
Pour augmenter encore ce contingent, le gouvernement français entend miser sur trois piliers : une meilleure condition d’accueil, une meilleure équité financière et un soutien de la mobilité des écoles françaises à l’étranger.

Un label à 10 millions d’euros

Parmi les difficultés rencontrées par les étudiants étrangers en France, les questions de sécurité sociale, d’accès au logement, de visa, d’attestation de scolarité sont les plus prégnantes. Aussi, le pays va débloquer un fonds de 10 millions d’euros pour un label « Bienvenue en France » qui sera attribué aux universités qui remplissent des critères d’accompagnement dans les démarches administratives et l’accueil des étudiants du monde entier.

La France justifie aussi ces hausses de tarifs par un besoin grandissant d’infrastructures. Face à la concurrence internationale, notamment les Pays-Bas, l’Irlande, l’Allemagne et l’Angleterre qui possèdent des infrastructures « jugées plus abouties », la France veut garder sa place de n°4 mondial en termes d’attractivité étudiante.

« Aujourd’hui en France, un étudiant français en université paie la même somme qu’un étudiant étranger. Ce qui n’est pas le cas pour les Pays-Bas, l’Angleterre et encore moins les États-Unis. Il y a une certaine non-équité sachant que l’étudiant français finance, déjà via les impôts de ses parents ou les siens, le système éducatif dont il bénéficie, » explique Clélia Chevrier-Kolacko.

Autre point : cette augmentation des frais de scolarité ne sera pas rétroactive. Autrement dit, un étudiant ne paiera pas plus cher l’année prochaine pour un cycle qu’il a déjà entamé. De quoi rassurer les 40.000 étudiants marocains actuellement installés en France. Par exemple, si vous êtes actuellement en 1re année de licence, vous ne paierez pas plus cher en septembre 2019 pour vous inscrire en 2e année ni en septembre 2020 pour votre 3e année. Cependant, lors du passage au cycle de master, la nouvelle tarification s’appliquera (soit 3.770 euros).

« Il faut savoir que ce montant représente 1/3 de ce que coûte un étudiant à l’année à l’Etat français. Ce qui signifie que la France financera les deux tiers de la formation, » précise Clélia Chevrier-Kolacko, rappelant que le système de sécurité sociale et les aides pour le logement (APL) pouvant aller jusqu’à 295,05€ par mois par étudiant demeurent d’actualité.