Contre le nouveau fuseau horaire, des lycéens sèchent les cours pour investir la rue

Sur fond de protestation contre l'adoption du fuseau horaire GMT+1, plusieurs élèves marocains ont fait l'école buissonnière le 12 novembre. Se disant "victimes d’une décision arbitraire" du gouvernement, ils ont manifesté leur colère devant les écoles, le Parlement et sur les grandes artères des villes du royaume.

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Des élèves protestant contre le maintien de l'heure GMT+1, le 12 novembre à Casablanca Crédit: Ghita Ismaili

Une heure à l’européenne et une vie de misérable », « Pas de classe sans retour à l’heure d’hiver », « El Othmani va-t’en, on ne veut plus de toi »… A Casablanca, le temps pluvieux n’a pas empêché les élèves de plusieurs établissements publics et privés de sillonner les grands boulevards de la métropole pour exprimer leur colère au gouvernement. Scandant des slogans anti-GMT+1, des dizaines d’écoliers ont manifesté le 12 novembre dès 9 heures du matin devant leurs écoles avant de se diriger vers la Place des Nations unies pour faire entendre leurs voix.

« Nous sommes là aujourd’hui au nom de tous les élèves du Maroc, mais aussi pour représenter nos parents qui n’ont pas été consultés au sujet du maintien de l’heure d’été. Le gouvernement a décidé de maintenir l’heure d’été en plein hiver. Cette phrase à elle seule présente une grande contradiction. Nous sommes dans l’incompréhension totale », déplore Meriem, 16 ans, une lycéenne de l’école Al Khawarizmy. « Ils ont pris cette décision sans prendre notre avis en compte ni celui de nos parents. C’est inconcevable », ajoute une de ses camarades de classe qui a préféré garder l’anonymat.

Comme de nombreux autres élèves au Maroc, ces deux lycéennes n’ont pas été en cours ce 12 novembre. Elles ont préféré « joindre leurs voix aux autres » pour faire entendre leur protestation au gouvernement.

 

Le 26 octobre dernier, le gouvernement El Othmani a adopté un projet de décret pour le « maintien permanent de l’heure d’été » qui était alors déjà en vigueur, annulant le passage à l’heure d’hiver prévu deux jours après. Une décision prise sans débat ou consultation au préalable, qui a fait l’objet de réprobation depuis de la part d’une partie de la population. « Nous voulons revenir à l’ancien système. Cette heure GMT+1, nous n’en voulons pas. Nous ne rentrerons pas aux cours tant que le gouvernement n’aura pas fait marche-arrière sur cette décision arbitraire », nous confie un étudiant du lycée Jaber Ben Hayan, 17 ans.

« J’habite à Mohammedia. Je prends le bus chaque matin à 6h00 pour venir à l’école. Maintenant, je dois sortir de la maison dans le noir. Avec le nouvel horaire, je vais revenir chez moi très tard puisqu’au lieu de 18h00, je ne sortirais qu’à 18h30 », déplore Mehdi, également étudiant au lycée Jaber Ben Hayan.

Vendredi 9 novembre, le ministère de l’Education nationale a, en effet, publié une circulaire à l’attention des directeurs des académies régionales. Ces dernières ont dû décidé, chacune de leur côté, en concertation avec les walis, de l’horaire à adopter pour les établissements scolaires de leurs régions respectives. Le jour même, l’Académie régionale de l’éducation et de la formation de la région Casablanca-Settat a annoncé qu’elle adoptait un horaire de 8h30-12h30 et 14h30-18h30.

Les élèves de Casablanca n’ont pas été les seuls à sortir dans la rue protester contre le maintien de l’heure légale GMT+1. À Rabat, des dizaines d’élèves se sont donné rendez-vous devant le Parlement dans la matinée du 11 novembre. Un rassemblement qui a donné lieu à quelques incidents sans gravité, comme le relate Hespress.

La veille, plusieurs centaines de personnes sont sorties manifester contre le maintien de l’heure d’été. Des incidents ont notamment été signalés à Marrakech lors de rassemblements d’élèves.

A Rabat, la « marche de la fierté » a rassemblé plusieurs centaines de personnes, élèves, partisans de la Jamaâa Al Adl wa lihsan et représentants de la société civile confondus. Plusieurs messages anti-gouvernement, dont certains visant le département de Mohamed Benabdelkader responsable du maintien de l’heure d’été, y ont été brandis dès 10 heures du matin.