Le festival Migrant’scène “interdit” par les autorités

La 9e édition du festival Migrant’scène, initialement prévue du 5 au 10 novembre à Tanger, est tombée à l’eau. Le GADEM, l'association de défense des migrants à l'origine de l'événement, dénonce "une interdiction" par les autorités locales et voit dans cette décision une "atteinte irresponsable à la liberté d’expression".

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Le Groupement antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM) dénonce une « interdiction » après avoir dû couper court, le jeudi 8 novembre – soit deux jours avant la fin des festivités – à la 9e édition du festival Migrant’scène. Selon un communiqué de l’association, l’édition 2018 de l’événement, initialement prévue du 5 au 10 novembre, aurait été « interdite par les autorités ».

Une interdiction qui aurait été verbalement signifiée aux partenaires du GADEM par le caïd du 4e arrondissement de Tanger. L’association n’aurait quant à elle pas été notifiée, ni par écrit ni par oral, de cette décision. Les membres du GADEM dénoncent ainsi « une atteinte irresponsable à la liberté d’expression et à la création artistique ».

Le caïd aurait « notamment déclaré qu’il ne tolérerait pas à Tanger les activités, selon ses dires, d’une association gauchiste venue de Rabat, et qui attaque le gouvernement, » avance le GADEM. L’ONG de défense des droits des migrants et des étrangers considère que « ces motifs fallacieux ne justifient en aucun cas l’interdiction d’une activité culturelle organisée par une association exerçant de manière régulière, et qui a toujours respecté les procédures usuelles de déclaration ».

« Motifs fallacieux »

Contactée par TelQuel, la Cimade, l’association fondatrice de Migrant’scène en France et partenaire de l’événement au Maroc, affirme avoir été informée de cette décision ce vendredi 9 novembre, via les membres du GADEM, sans toutefois disposer d’informations supplémentaires. L’agence de presse espagnole EFE, précise pour sa part qu’aucune « source officielle » n’a fait référence à cette mesure d’interdiction. De leur côté, les autorités locales n’ont toujours pas communiqué.

Une source au sein du GADEM, interrogée par nos soins, rappelle que cette interdiction intervient après la publication du rapport Coûts et blessures, et celle de la note supplémentaire Expulsions gratuites. D’après notre interlocuteur, le caïd du 4e arrondissement de Tanger « a tenté d’influencer les partenaires locaux de l’événement culturel » en leur parlant, le mercredi 7 novembre, pour les faire changer de bord. « Le caïd leur a dit : ‘Comment se fait-il que vous le tolériez [le GADEM], c’est une association qui critique le gouvernement, ce sont des gauchistes », précise notre source.

L’ancien président du GADEM, Mehdi Alioua a réagi sur Facebook à cette interdiction. Dans une publication, le sociologue et membre fondateur de l’association défend l’association « qui se bat depuis 2006 pour un Maroc plus juste, plus inclusif et plus respectueux des droits humains ».

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