Les taxis dans le rouge face à la hausse des prix du carburant

Rien ne va plus entre le gouvernement et les professionnels de la route. La cause? L’exacerbation des problèmes auxquels fait face le secteur du transport routier et le mutisme de la tutelle.

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Après moult tentatives de négociation avec le ministère de l’Équipement, du transport, de la logistique et de l’eau, l’Organisation démocratique des professionnels du transport routier (ODPTR) a décidé de paralyser les activités du secteur du transport affilié à cette organisation en observant, le 29 octobre, une grève nationale d’avertissement.

Si les causes de cette montée de tension sont multiples, c’est la hausse récurrente des prix des carburants qui est la plus mise en avant lors des multiples sit-in organisés par l’ODPTR dans plus de 70 provinces du royaume. «Depuis la libéralisation du secteur des hydrocarbures, les professionnels de la route souffrent de la flambée des prix du gasoil. Il faut compter plus de 2.000 dirhams par mois de différence assumée par les chauffeurs», nous confie Hassan Doukkani, secrétaire régional de la filiale des taxis de l’ODPTR.

Renouveler le parc

Selon l’Organisation, nul ne peut nier la responsabilité du gouvernement dans la montée des tensions dans le secteur du transport routier. Après l’annonce de l’arrêt des subventions aux carburants, la tutelle avait promis en 2015 aux professionnels de la route d’instaurer la notion de gasoil professionnel. Il n’en est rien. Quant à la mise à niveau de la flotte des taxis, il s’agit pour le syndicat d’une promesse tenue « partiellement ». En fait, à peine la moitié du parc a été réformée jusque-là, laissant circuler des Mercedes 240 D vieilles d’un quart de siècle. « Il est incompréhensible de miser énormément d’argent sur des stratégies touristiques, alors qu’on voit chaque jour, dans les villes touristiques du royaume, des taxis vieux de 24 à 30 ans transporter des touristes », martèle Hassan Doukkani.

Les nouvelles voitures proposées aux taximen ne sont pas « si performantes sur le plan technique », rapporte la même source. « D’ailleurs, nous avons remarqué que 30 % des accidents de la route impliquant ces nouveaux véhicules sont mortels. Nous déplorons d’ailleurs la mort de pas moins de 30 taximen au bord desdits véhicules en moins d’un an », s’indigne le secrétaire régional de l’ODPTR.

Le mutisme de la tutelle

Le syndicat a appelé la tutelle à ouvrir un dialogue urgent avec les différentes catégories des professionnels du transport avec pour objectif de trouver des solutions à la fois pertinentes et définitives. Instauration de la notion du gasoil professionnel, renouvellement de l’ensemble de la flotte des taxis, abrogation des agréments, structuration du secteur, amélioration de la sécurité routière …  Autant d’éléments qui font partie de la liste des revendications du syndicat.
«Si la tutelle persiste encore longtemps dans son mutisme, le syndicat sera amené à hausser encore davantage le ton. Nous avons prévu diverses formes de contestation : des grèves de 48 heures, voire même plus, des sit-in locaux, ainsi que des manifestations devant le Parlement», conclut notre source.
Nous avons sollicité le ministre de l’Equipement, le secrétaire d’Etat chargé du Transport, ainsi que des hauts responsables du ministère à plusieurs reprises, sans succès.

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