Iran: 24 morts dans un attentat revendiqué par l'Etat islamique

Le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, avait mis en cause un régime étranger soutenu par Washington.

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Un homme porte un soldat blessé lors d'une attaque à Ahvaz, dans le sud-ouest de l'Iran, le 22 septembre 2018 Crédit : ISNA/AFP - BEHRAD GHASEMI

Au moins 24 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées samedi dans le sud-ouest de l’Iran dans une attaque contre un défilé militaire revendiquée par le groupe État islamique (EI), Téhéran accusant un « régime étranger » soutenu par Washington d’être derrière l’opération. Qualifié de « terroriste » par les autorités iraniennes, l’attentat a fait également des dizaines de blessés, dont plusieurs dans un état grave.

Il survient dans un climat de tensions très fortes entre l’Iran et les États-Unis, qui s’apprêtent à intensifier début novembre leurs sanctions contre la République islamique. L’attaque, menée dans la matinée à Ahvaz, la capitale de la province du Khouzestan, peuplée majoritairement d’Arabes, a été revendiquée par le groupe extrémiste sunnite EI.

« Des combattants de l’État islamique ont attaqué un rassemblement des forces iraniennes » à Ahvaz, a indiqué l’organe de propagande du groupe jihadiste. Avant la revendication, le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif avait mis en cause un régime étranger soutenu par Washington.

« Des terroristes recrutés, entraînés et payés par un régime étranger ont attaqué Ahvaz […] L’Iran considère que les parrains régionaux du terrorisme et leurs maîtres américains sont responsables de telles attaques », a écrit Mohammad Javad Zarif sur son compte Twitter.

Les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, avaient accusé plus tôt les assaillants d’être liés à un groupe séparatiste arabe soutenu par l’Arabie saoudite. « L’Iran réagira rapidement et fermement pour défendre des vies iraniennes », a encore mis en garde M. Zarif sur Twitter.

« Le nombre des martyrs tués dans l’attaque terroriste s’élève à 24, dont des femmes et des enfants parmi les spectateurs, et ce bilan pourrait empirer dans la mesure où les blessés sont dans un état critique », écrit l’agence officielle Irna. « Plus de 53 personnes ont été blessées et admises dans différents hôpitaux », ajoute Irna.

« Parmi les martyrs, il y a une fillette et un ancien combattant qui a été tué sur sa chaise roulante », a déclaré le général de brigade Abolfazl Shekarchi, porte-parole des forces armées iraniennes, sur la télévision d’État. Ce général des Gardiens de la Révolution a ajouté que trois des « terroristes » avaient été abattus sur le site de l’attaque et qu’un quatrième, blessé et arrêté, avait décédé à l’hôpital.

Cité plus tôt par l’agence semi-officielle Isna en début d’après-midi, Ali-Hossein Hosseinzadeh, vice-gouverneur de la province du Khouzestan, avait indiqué qu’un journaliste et « huit ou neuf militaires » figuraient parmi les morts. Selon plusieurs médias iraniens, les assaillants étaient vêtus de treillis militaires.

« Ceux qui ont ouvert le feu sur les gens et les forces armées sont liés au mouvement al-Ahvazieh », a déclaré Ramezan Sharif, porte-parole des Gardiens de la Révolution cité par Isna, faisant référence à une mouvement séparatiste arabe local. « Ils sont nourris par l’Arabie saoudite, et ils ont essayé de faire de l’ombre à la puissance des forces armées » iraniennes, a-t-il ajouté.

Premier chef d’État étranger à réagir à l’attaque, le président russe Vladimir Poutine s’est dit « horrifié » par l’attaque et a présenté ses condoléances à son homologue iranien Hassan Rohani. « Cet évènement nous rappelle la nécessité d’une bataille sans compromis contre le terrorisme sous toutes ses formes », a-t-il dit, selon le Kremlin.

« Je voudrais confirmer que nous sommes prêts à continuer à coopérer avec nos partenaires iraniens pour résister à ce mal », a-t-il ajouté, alors que l’Iran et la Russie soutiennent les forces du régime de Bachar al-Assad dans leur combat contre les insurgés dans la Syrie en guerre.

L’attentat a eu lieu alors que l’Iran marque la Journée nationale des forces armées, qui commémore chaque 22 septembre le déclenchement, par Bagdad, de la guerre Iran-Irak (1980-1988). Les premières attaques en Iran revendiquées par l’EI remontent à un peu plus d’un an.

Le 7 juin 2017, des hommes armés et des kamikazes avaient attaqué le Parlement et le mausolée de l’imam Khomeiny à Téhéran, faisant 17 morts et des dizaines de blessés. Les Gardiens de la Révolution avaient alors dénoncé l’« implication » de l’Arabie saoudite et des États-Unis dans les attentats.

Accusé par Washington de déstabiliser le Moyen-Orient, l’Iran est dans le collimateur des États-Unis depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump qui a rétabli des sanctions contre Téhéran et annoncé son retrait de l’accord international de 2015 sur le nucléaire iranien. L’Arabie saoudite, alliée des États-Unis, est le grand rival régional de l’Iran, les deux pays s’opposant sur de nombreux dossiers au Moyen-Orient, notamment dans les conflits en Syrie et au Yémen.

Dans un discours à Téhéran samedi peu avant l’annonce de l’attentat, M. Rohani a déclaré que son pays augmenterait « jour après jour » ses « capacités défensives », faisant référence aux missiles que développe son pays et qui inquiètent les Occidentaux.

« Nous ne réduirons jamais nos capacités défensives […] nous les augmenterons jour après jour », a déclaré M. Rohani en présidant un défilé militaire à Téhéran. « Le fait que vous soyez en colère contre nos missiles montre que ce sont nos armes les plus efficaces », a-t-il ajouté, « grâce à ce que vous avez dit, nous connaissons désormais la valeur de nos missiles ».

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