Licencié pour son militantisme pro-Hirak, un employé de la BCP à Madrid gagne son procès

Après un an de bras de fer judiciaire, l'ex-directeur d'une agence madrilène de la Banque centrale populaire (BCP) a remporté son procès contre son employeur. Ce dernier a décidé de faire appel de la décision.

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Une agence de la Banque centrale populaire en Espagne. Crédit: DR

En juin 2017, Jaouad Ballahsan et son épouse Hanane Bijbij, tous les deux employés chez Banque centrale populaire (BCP), participent à une manifestation de soutien au Hirak rifain devant le siège du ministère espagnol des Affaires étrangères à Madrid. Ils ne s’imaginaient pas que cela leur coûterait leur travail, et plus d’un an de bras de fer judiciaire avec leur employeur.

Le Rifain, installé dans la capitale espagnole, a finalement remporté son procès contre BCP, dont il dirigeait une agence madrilène. C’est ce que rapporte le site d’information El Diario le 23 août. Le média précise que le tribunal de première instance de Madrid a condamné la banque à réintégrer Jaouad Ballahsan à son poste, à s’acquitter de la totalité de ses salaires non perçus depuis son licenciement jugé « nul », ainsi qu’à l’indemniser à hauteur de 6.292,56 euros pour préjudice moral.

Le déroulement des faits

Le vendredi 2 juin 2017, en pleine vague d’arrestations de militants du Hirak à Al Hoceïma et aux alentours, Jaouad Ballahsan et Hanane Bijbij manifestent à Madrid contre la «répression» du mouvement de contestation rifain. Suite à cela le couple apprend son licenciement.

Un mois plus tard, le mari porte plainte pour licenciement abusif pour des raisons politiques. Devant la cour, la direction générale de BCP en Espagne affirme que « Jaouad a utilisé l’image de la banque de manière inappropriée, compromettant ainsi l’entité employeuse ».

Pour étayer son propos, la banque évoque l’existence de photos publiées par Jaouad sur son profil Facebook dans lesquelles il apparaîtrait à son poste de travail. Ces images étaient accompagnées de descriptions telles que « le Rif n’est pas séparatiste », ou encore « êtes-vous un gouvernement ou une bande de malfrats ?».

La suite en appel

Cependant, aux yeux du tribunal, il ne s’agit pas d’un motif valable de licenciement, puisque ces photos étaient publiques sur le compte Facebook du plaignant depuis le 10 janvier 2017. La cour a donc estimé que l’employeur a violé les droits fondamentaux de l’employé.

Concernant le cas de Hanane Bijbij, si la magistrate en charge de son affaire a jugé son licenciement irrecevable, les motifs n’ayant pas été étayés, elle a également estimé qu’il n’était pas question de violation des droits fondamentaux de l’employée. La justice n’a en effet pas pu établir de relation de causalité entre sa participation à la manifestation et son licenciement.

Contacté par El Diario la jeune femme célèbre cependant le jugement en faveur de son mari « comme sa propre victoire », affirmant que le couple a « marqué un but contre la banque ». Pour Jaouad Ballahsan, la bataille n’est pas encore totalement remportée, car la banque a décidé de faire appel de la décision.

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