Selon la FIFA, le VAR a fait grimper le taux de bonnes décisions de 95% à 99,3%

"Matthew! Tu vois le ballon? Il est touché par l'attaquant N.11, ensuite le défenseur le touche clairement. Tu veux un autre angle de vue ou tu es convaincu?": la Fifa a utilisé vendredi des cas concrets pour défendre l'utilisation de l'assistance vidéo à l'arbitrage (VAR), grande première du Mondial-2018.

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Après les 48 premiers matchs correspondants à la phase de poule, Pierluigi Collina (président du comité des arbitres, à gauche) et Massimo Busacca (directeur de l'arbitrage, à droite) ont fait le bilan de l'utilisation inédite de l'assistance vidéo lors de cette 21e Coupe du monde. Crédit: Capture d'écran FIFA.com

Non, je pense que c’est clair, c’est le N.21″, Tyronne Ebuehi, défenseur du Nigeria, qui a commis la faute, répond Matthew Conger. Dans un premier temps, l’arbitre néo-zélandais du match Islande-Nigeria, le 22 juin, n’avait pas sifflé penalty en faveur des Islandais, alors que Alfred Finnbogason venait de s’effondrer dans la surface de but nigeriane.

L’action litigieuse « se situe dans une partie de la surface (très excentrée, NDLR) qui est très difficile à contrôler pour les arbitres », commente l’ancien arbitre international Pierluigi Collina. Aujourd’hui patron de l’arbitrage à la Fifa, ce dernier a utilisé la séquence, ainsi que les dialogues entre arbitres VAR et arbitre de champ, pour montrer l’utilisation faite de cette assistance vidéo, vendredi lors d’une conférence de presse bilan sur l’arbitrage.

« Attends, je vais vérifier », entend-on juste après que Finnbogason soit tombé. L’arbitre vidéo Massimiliano Irrati demande, en italien, plusieurs angles de vue et un visionnage au ralenti puis à vitesse réelle, le tout en quelques secondes. « Au ralenti, tout semble plus gros, plus dur ou plus délibéré », poursuit Collina. « Il est demandé aux arbitres d’analyser à vitesse normale ». « Je te recommande de venir revoir (l’action) parce que l’attaquant joue le ballon et le défenseur touche sa jambe », dit ensuite Massimiliano Irrati à Matthew Conger qui, après visionnage au bord du terrain, accordera un penalty (finalement raté) à l’Islande, défaite 2-0 ce jour-là.

Un temps moyen d’analyse de 80 secondes

Au total, « 335 incidents ont fait l’objet d’une vérification » par la VAR lors des 48 premiers matches de cette Coupe du monde. Soit une moyenne de 6,9 visionnage par match, dont l’ensemble des buts (122 sur la phase de groupes). « Et sur ces 335 vérifications, 17 ont donné lieu à un examen par la VAR », a précisé M. Collina. « Dans 14 des cas, l’arbitre s’est déplacé sur le bord du terrain tandis que, pour les 3 autres cas, le visionnage » n’a été effectué que par l’arbitre VAR situé dans la « VAR room ». Quatorze décisions ont été changées après utilisation de la VAR et 3 confirmées: 1 penalty sifflé et 2 qui n’avaient pas été donnés avec raison.

Sur les 335 incidents analysés, 95% des décisions arbitrales étaient correctes, mais les 14 changements de décisions décidés après recours à la VAR font grimper le pourcentage de bonnes décisions à 99,3%, revendique la Fifa.

Accusée de casser le rythme, la VAR? Le temps moyen pour un recours à la VAR a été de 80 secondes lors du premier tour. « Dans certains cas, la décision aurait pu être donnée plus tôt mais l’arbitre a veillé à prendre quelques secondes supplémentaires pour être certain de prendre la bonne décision », a commenté Pierluigi Collina.

La commission d’arbitrage affirme qu’elle n’a pas reçu la lettre de la FRMF

En revanche, si l’objectif était de mettre un terme aux débats sur l’arbitrage, il est loin d’être atteint. La fédération brésilienne a notamment déposé un recours auprès de la Fifa, certains sélectionneurs ou joueurs ne se sont pas privés de se plaindre et, vendredi, après plus d’une heure et demie de conférence de presse, le représentant de la Fifa chargé de distribuer le micro a fini par soupirer qu’« on pourrait parler du sujet pendant des heures »

Interrogé par Le Matin, Pierluigi Collina a indiqué qu’il n’avait pas reçu la lettre de protestation adressée par la Fédération royale marocaine de football (FRMF) au président Gianni Infantino. « Une réponse qui suscite la question de savoir si la FRMF a bien fait d’envoyer son courrier à la FIFA et non pas à sa commission d’arbitrage. À moins que cette lettre ait été destinée plutôt à l’opinion publique marocaine pour désamorcer sa colère? », s’interroge le quotidien.

Rendre publiques les discussions entre arbitres et assistants vidéo fait en tout cas partie des pistes de réflexions de la Fifa pour une meilleure compréhension du public par la suite. « On peut y réfléchir. C’est quelque chose qui pourrait être intéressant à proposer car, si on explique comment une décision est prise, cela peut en améliorer l’acceptation par la communauté du football », a ainsi déclaré M. Collina, interrogé sur le sujet. Tout en observant prudemment « qu’avant de courir, il faut apprendre à marcher ».

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