Le parcours (très particulier) de Aziz Bouhaddouz

Malheureux buteur contre son camp au Mondial 2018, Aziz Bouhaddouz a un parcours très particulier derrière lui. Orphelin à 13 ans, vendeur de journaux jusqu'à ses 17 ans, cet enfant originaire du Rif a fait du chemin avant d’être appelé par Hervé Renard pour rejoindre la sélection nationale.

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REUTERS / Dylan Martinez

Qui est Aziz Bouhaddouz ? L’international marocain a beaucoup fait parler de lui pour le but qu’il a inscrit contre son camp, dans les derniers instants du match contre l’Iran (1-0). Une erreur fatale pour sa première participation en Coupe du monde. L’attaquant de 31 ans est sorti en larmes du stade d’Ekaterinbourg, soutenu par plusieurs de ses partenaires.

« C’est un moment amer pour moi. Malheureusement, cela arrive dans le football. Aujourd’hui, ça m’est arrivé. Je veux m’excuser pour l’équipe, les fans et les 35 millions de personnes au Maroc« , a déclaré le joueur à l’AFP, à la fin de la rencontre. « Désormais, je suis l’idiot, mas je vais gérer la situation puisque je suis dans ce sport depuis de nombreuses années« , a-t-il ajouté.

Bouhaddouz à la fin du match Maroc-Iran (0-1), le 15 juin 2018, à Saint-Pétersbourg.Crédit: AFP

Orphelin à 13 ans

Avant de rejoindre la sélection nationale, Aziz Bouhaddouz n’a pas eu la vie facile. Né à Berkane, dans le nord-est du Maroc, de parents originaires du Rif, il immigre en Allemagne avec ses deux parents et ses frères à l’âge d’un an seulement. Après le décès de son père des suites d’une maladie grave, il perd sa mère à l’âge de 13 ans et se retrouve en famille d’accueil. C’est cette dernière qui aurait inspiré sa carrière de footballeur.

Selon la presse allemande, le joueur n’avait pas de très bons résultats scolaires. Ajouté à ses « mauvaises fréquentations« , il est réorienté vers le football. En 1996, Aziz Bouhaddouz  rejoint ainsi un petit club de sa ville, le FC Dietzenbach, située à une dizaine de kilomètres au sud-est de Francfort où il prendra gout au ballon rond. « Nous avions l’habitude de jouer sur un terrain de caoutchouc à Dietzenbach, toujours après l’école et jusque très tard dans la soirée. Oui, j’ai grandi là-bas et c’était très amusant« , a confié le joueur dans une interview publiée par le site Bolzplatzkind.com.

Lorsqu’il a 13 ans et jusqu’à ses 17 ans, il vend des journaux avec ses frères dans les rues de Dietzenbach. En 2004, il est transféré au FSV Francfort, après être passé pendant une saison dans le club du SpVgg 03 Neu-Isenburg.

Avec le FSV Francfort, son club formateur, il doit faire face à une concurrence accrue avec les autres attaquants pour trouver du temps de jeu. En 2011, Bouhaddouz signe au SV Wehen Wiesbaden où il passe une saison seulement et rejoint le Viktoria Cologne avec qui il devient meilleur buteur de l’équipe (14 buts en 26 matchs). Une bonne performance qui le fera signer l’année suivante au Bayern Leverkusen pour trois saisons. Là encore, il se retrouve en concurrence avec plusieurs joueurs pour le poste d’attaquant de pointe. Il fiita par jouer dans l’équipe B du même club, qui évoluait alors en quatrième division allemande.

Aziz Bouhaddouz à Sankt Pauli FC.Crédit: Witters

La saison suivante, Bouhaddouz est repéré par le SV Sandhausen, une équipe de troisième division où il se voit enfin accorder une place de titulaire. Avec celle-ci, l’international marocain, devenu titulaire, inscrit 18 buts en 59 rencontres disputées en deux saisons. De là, Aziz Bouhaddouz est transféré au FC Sankt Pauli, un club de deuxième division allemande basé à Hambourg, où il évolue aujourd’hui depuis près de deux ans.

« St Pauli est un super club avec un énorme potentiel. Pour moi, le club doit jouer en Bundesliga. Hambourg est une ville formidable avec de grands fans. (…) Je suis heureux de porter le maillot du FC St Pauli« , a-t-il encore confié au site Bolzplatzkind.com.

« Le plus beau jour de ma vie »

En sélection, Aziz Bouhaddouz, qui a aussi la nationalité allemande, n’a jamais été appelé par la fédération de son pays d’accueil. Il fera toutefois ses débuts avec le Maroc le 31 août 2016, lors d’un match amical face à l’Albanie (0-0).

« Ce jour était pour moi le plus beau de ma vie. C’était la première fois où j’avais ce sentiment d’appartenance au Maroc. Je n’oublierais jamais ce jour parce que pour moi, c’est un rêve devenu réalité« , a-t-il récemment déclaré dans une interview accordée à la chaîne de télévision marocaine Al Aoula.

Moins d’une semaine après son premier match avec les Lions de l’Atlas, il inscrit son premier but en sélection contre l’équipe de Sao Tomé-et-Principe. C’était le le 4 septembre 2016, au complexe Moulay Abdellah de Rabat, en marge des qualifications à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2017. Le Maroc, étant déjà qualifié à la CAN, gagnera ce match 2-0. 

Appelé par Hervé Renard pour disputer le Mondial, Bouhaddouz est le seul représentant de la deuxième division allemande en Russie 2018. Malgré son but contre son camp, l’attaquant a pu compter sur un soutien énorme des supporters marocains, que ce soit sur place ou au Maroc, à travers les réseaux sociaux.

« Un jour après et cela me fait toujours aussi mal, j’ai de l’amertume pour moi, l’équipe, et tout le Maroc. Mais c’est le destin! Je n’ai jamais rien abandonné et ne le ferai jamais. J’ai survécu au pire dans ma vie (…). Merci à tous ceux qui m’ont écrit. Merci à tous pour votre soutien« , a écrit le joueur dans un post publié sur son compte Facebook.

Resté sur le banc de touche lors de la deuxième rencontre du Maroc ent Coupe du monde, contre le Portugal (0-1), Aziz Bouhaddouz pourrait refouler la pelouse du Mondial lundi prochain, contre l’Espagne (19h00 heure GMT+1).

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