« Nostalgie », « fierté » et « stress » : festival d’émotions chez les supporters marocains en Russie

Ils sont ingénieurs, autoentrepeneurs, étudiants ou anciens ministres. Du Maroc, de Paris, de Berlin ou encore de Bali, tous se sont mobilisés pour partir en Russie et soutenir les Lions de l’Atlas durant le Mondial 2018. Ils partagent leurs émotions à quelques heures du coup d’envoi du premier match du Maroc contre l'Iran.

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Des supporters des Lions de l'Atlas à l'aéroport de Casablanca, le 12 novembre 2017, à leur retour de Côte d'Ivoire. Crédit: RAM / Twitter

 Youssef Ksiyer, humoriste. Mobilisé depuis Casablanca pour l’ensemble des matchs du 1er tour

« J’ai décidé d’acheter mes tickets (pour le Mondial, ndlr) dès la qualification de l’équipe nationale. C’est un moment important pour les amateurs de football et pour toute une nation. Cela faisait 20 ans que l’on attendait ça.  Vivre l’évènement, ne serait-ce que pour les matchs de poule,  était quelque chose à ne pas rater.  J’aurais suivi les Lions même s’ils étaient à Ushuaia !   Les revoir à ce niveau-là est extraordinaire. Qui plus est le calendrier a été généreux envers les Marocains avec des déplacements à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Cela nous permettra également de faire du tourisme et de voir un beau pays.  Il ne sera pas évident pour le Maroc de se qualifier pour le deuxième tour mais ça n’enlève rien au mérite des Lions de l’Atlas qui vont se battre jusqu’au bout ».

« Mon rêve, depuis enfant, était de voir le Maroc en Coupe du monde ».

Zakaria Garti, ancien président de la Fondation Tariq Ibn Ziad (Tizi). Mobilisé depuis Casablanca pour le match Maroc-Portugal

« Mon rêve, depuis enfant, était de voir le Maroc en Coupe du monde. En 98, j’étais encore très jeune et je disais à mes parents ‘quand je serai grand j’irai voir le Maroc en Coupe du monde‘ .J’aime le foot mais j’aime encore plus le Maroc. C’est vraiment par patriotisme que je me rends en Russie.. Je ressens un mélange de fierté et de joie en voyant le Maroc au Mondial. Je suis heureux de voir une jeune génération, qui le mérite,  évoluer en Coupe du monde. Je fonde une fierté particulière quant à la présence de MRE dans cette équipe. Ce sont des Marocains nés en Europe  qui n’ont pas oublié leur pays. Certains d’entre eux comme Ziyech, Benatia ou Harit ont le niveau pour être sélectionnés dans des équipes européennes. L’échec des politiques d’intégration en Europe pourrait presque être un motif de réjouissance (rires) !  En plus des MRE présents sur le terrain, le Maroc sera également représenté par ceux qui seront dans les gradins.  Ce sont des personnes qui donnent beaucoup à leur pays sans que celui-ci ne le leur rende forcément».

« Qu’ils nous fassent rêver ! »

Nabila Fathi, directrice de publication de La Vie Eco. Mobilisée depuis Casablanca  pour le match Maroc-Portugal

« Je ressens une immense fierté  et beaucoup d’émotion aussi. Car notre équipe, lors de notre dernière participation au Mondial (en France, ndlr), avait énormément de potentiel et méritait vraiment d’aller plus loin. Cela nous a tous frustré. J’espère vraiment que cette nouvelle équipe, qui s’annonce prometteuse, puisse au moins accéder au deuxième tour. Qu’elle nous fasse rêver !  Je ne suis pas vraiment une footeuse et je sais que nous allons être confrontés à de redoutables adversaires dans notre groupe. Ceci dit, je suis optimiste de nature. Le Maroc peut créer la surprise, comme il l’a déjà fait par le passé, et tout reste possible.  Qui plus est je n’ai jamais mis les pieds sur un terrain de foot. Partir en Russie pour ce Mondial est une occasion exceptionnelle de côtoyer des fans et des cultures du monde entier ».

« Une véritable source de fierté »

Nabil Benabdellah, ancien ministre et secrétaire général du PPS. Mobilisé depuis Rabat pour le match Maroc-Portugal 

« Voir l’équipe nationale au Mondial est une véritable source de fierté, un bonheur réel et un plaisir affirmé. Nous en avions un peu marre des déceptions. Le fait d’avoir désormais quelque chose qui ressemble à une équipe à même de bien nous représenter fait rejaillir notre fierté nationale. Je pense que nous avons toutes nos chances. En tout cas elles sont bien meilleures que celle du comité de ce matin ( entretien réalisé suite à la désignation du trio nord-américain pour accueillir le Mondial 2026). L’issue est donc susceptible d’être plus positive !».

« Heureux et fier »

 

 

Alaeddine, Ingénieur, 34 ans. Mobilisé depuis Tanger pour les matchs contre l’Iran et le Portugal

« Je n’ai jamais vu de Coupe du monde et c’était également une bonne opportunité de visiter la Russie. Surtout je ne savais pas quand le Maroc allait de nouveau se qualifier, c’est pour ça que j’ai pris mon ticket dès que nous nous sommes qualifiés. Je suis vraiment excité à l’idée de pouvoir soutenir mon pays sur la scène mondiale. Je suis heureux et fier que le Maroc soit là (au Mondial, ndlr)».

« Le Mondial peut nous permettre de rayonner à l’international ».

Kenza, 29 ans, bijoutière. Mobilisée depuis Bali (Indonésie) pour l’ensemble des matchs du 1er tour

« J’ai pris ma décision il y’a deux mois. Au début, je n’avais pas du tout l’intention d’y aller mais ce voyage en Russie est devenu un voyage de famille et d’amis qui sont devenus très nombreux. Nous sommes fiers de voir le Maroc briller et participer au Mondial. J’aime que l’on parle du Maroc pour ses exploits et ses réussites, ça donne de l’espoir. Cette Coupe du monde est un événement fédérateur qui peut nous donner l’envie d’aller plus loin et de nous dépasser. Le Mondial peut nous permettre de rayonner à l’international à travers autre chose que les gros titres catastrophiques que l’on peut lire ces derniers temps.».

« On ressent un réel amour du maillot, de la solidarité et un sens du sacrifice chez ces joueurs ».

Amine, 27 ans, consultant. Mobilisé depuis Berlin pour le match Maroc-Portugal

« Mon dernier souvenir du Mondial est ce fameux 3-0 contre l’Ecosse en 1998. Les déceptions se sont enchainées et 20 ans plus tard, le cru 2017-2018 de cette équipe nationale a revéillé la flamme de ma passion pour cette équipe. Pas seulement parce que nous nous sommes qualifiés. Ca serait trop simple… On ressent un réel amour du maillot, de la solidarité et un sens du sacrifice chez ces joueurs. C’est la raison pour laquelle je vais à Moscou, le temps d’un match, pour soutenir les Lions car je peux m’identifier aux valeurs de cette équipe. Ca sera ma première fois dans un stade et je suis excité à l’idée d’y être ».

« Il n’est pas exclu que je pleure »

Shama, 29 ans, hypno-thérapeute. Mobilisée depuis Paris pour le match Maroc-Portugal

« Après plusieurs années de déception, je ne regardais même plus les matchs du Maroc à vrai dire. Maintenant, j’ai un peu d’espoir. Je ne suis pas naïve, on ne va pas la gagner cette coupe mais si on peut retrouver un jeu décent, ne pas perdre notre unité, et  avoir une bonne équipe nationale plus qu’une fois tous les 20 ans …ce serait idéal ! J’irai voir le match Maroc-Portugal avec beaucoup d’appréhension mais aussi beaucoup d’émotion.  Il n’est pas exclu que je pleure ».

 

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