Tentative d'expulsion forcée de saisonnières marocaines de Huelva après une plainte collective

En Espagne, une entreprise de la province de Huelva aurait forcé près de 400 saisonnières marocaines à monter dans des bus à destination du royaume. Une "séquestration" dénoncée par le Syndicat andalou des travailleurs qui y voit un lien avec la plainte déposée par ces femmes contre leur employeur quelques heures auparavant.

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Huelva Informacion

Dimanche matin, plus de 400 saisonnières marocaines travaillant pour l’entreprise Doñaña 1998, située à Almonte, dans la province de Huelva (sud-ouest de l’Espagne), ont été « invitées » à monter à bord de bus pour retourner au Maroc, et ce avant la fin de leur contrat de travail prévue le 5 juin.

Ces femmes auraient été retenues contre leur gré dans les bus qui devaient les emmener à Algésiras où un bateau les attendait à destination du Maroc, rapporte le Syndicat andalou des travailleurs (SAT), cité par le journal espagnol La Mar de Onuba.

La Guardia Civil a finalement empêché ces bus de faire le voyage et les travailleuses marocaines ont pu regagner leurs places dans les champs de fraise. Pour le secrétaire général du SAT, Óscar Reina, « les droits de ces personnes ont été violés ». Le responsable dénonce ainsi un « crime présumé d’enlèvement » puisque ces personnes ont été retenues contre leur gré « en dehors de l’entreprise ».

La « séquestration » des saisonnières dans ces bus et leur « expulsion forcée » aurait pour but de les empêcher de pouvoir confirmer les faits racontés la veille à la Guardia Civil, d’après un avocat du SAT cité par le même journal.

Une plainte collective déposée

Une délégation du syndicat, accompagnée d’inspecteurs de travail, était attendue ce lundi sur place pour vérifier les accusations de « violation des contrats de travail » et « abus sexuels » portées par une centaine de saisonnières devant la police espagnole. Dans leur plainte collective, ces femmes expliquent que leurs conditions de travail en Espagne sont différentes de celles mentionnées dans leurs contrats de travail signés au Maroc.

Selon Europa Press, certaines de ces travailleuses saisonnières n’auraient pas reçu leurs salaires. D’autres ont affirmé dormir dans des « conteneurs » ou dans des logements « sans climatisation » avec des « fuites d’eau lorsqu’il pleut« .

Plusieurs saisonnières marocaines protestant avant le dépôt de leur plainte devant la Guardia civil.

La plainte collective déposée par les saisonnières marocaines a rendu leurs employeurs « nerveux« , a fait savoir Óscar Reina. L’une des plaignantes aurait même abandonné son travail ce jour-là « parce qu’elle ne se sentait pas en sécurité là-bas« .

Selon une enquête de Buzzfeednews et Correctiv.org publiée début mai,  plusieurs saisonnières marocaines travaillant dans des champs de fraise ont été victimes de viols et d’autres abus sexuels sur leur lieu de travail. Une enquête a été ouverte en Espagne et une première arrestation a eu lieu. Il s’agit d’un homme de 47 ans qui était chargé de superviser les travailleuses dans une exploitation de la région. Ce dernier a été toutefois relâché, en attendant son procès.

« La défense de ces femmes relève de la responsabilité du gouvernement », a déclaré la semaine dernière Mustapha El Khalfi, porte-parole du gouvernement, assurant qu’il avait appelé dès la semaine d’avant à l’ouverture d’une enquête qui serait menée en collaboration avec le parlement.

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