Benchamach veut en finir avec le populisme qui "porte préjudice à la politique"

Favori pour succéder au démissionnaire Ilyas El Omari, Hakim Benchamach a choisi TelQuel Arabi pour annoncer officiellement, vendredi 25 mai, sa candidature à la chefferie du PAM. Révélations.

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Hakim Benchamach, le président de la Chambre des conseillers, avait porté plainte. Crédit: Yassine Toumi/TELQUEL

Au cours de son entrevue avec TelQuel Arabi, Hakim Benchamach dévoile les coulisses de sa candidature, les consultations qu’il a tenues, l’avenir du parti ainsi que son programme politique. L’actuel président de la Chambre des conseillers évoque également les futures alliances que pourra nouer le PAM, dans l’hypothèse où le Conseil national –  parlement du parti, qui se réunira ce samedi 26 mai à Salé – lui accorde sa confiance.

Alors que le Conseil national du PAM durant lequel le nom du successeur d’Ilyas El Omari sera désigné débute le 26 mai, un candidat fait déjà office de favori. Bénéficiant de plusieurs soutiens au sein du Conseil national, Hakim Benchamach est désormais en pole position pour succéder au président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima.  Une responsabilité que le dirigeant de 54 ans, également natif du Rif, pourrait concilier avec celle de quatrième homme dans la hiérarchie de l’Etat.  Dans un entretien accordé à TelQuel Arabi, le président de la Chambre des conseillers évoque les coulisses de sa candidature ainsi que le futur du parti.

A la croisée des chemins

L’idée de se porter candidat à la succession d’Ilyas El Omari est venu à l’esprit de Hakim Benachamach « il y’a trois semaines » après s’être assuré que l’actuel secrétaire général allait confirmer sa démission, refusée un premier temps par le parti au tracteur. Depuis,  de nombreuses consultations ont été entamées. Camarades du parti, du bureau politique, du Conseil fédéral et membres des deux chambres ont été informés des intentions de Benchamach. Des échanges qui l’auraient encouragé  à avancer son nom pour la direction du parti. Un parti qui est « à la croisée des chemins » selon lui. « Deux choix s’imposent: soit celui d’un parti bâillonné, évoluant dans une position floue. Soit celui de reprendre l’initiative pour assurer la continuité d’un PAM qui reprend ses forces » estime-t-il.

Interrogé sur le nombre de ses soutiens, Benchamach affirme que son initiative et son diagnostic de la situation actuelle ne sont pas admis par tous. Il argue néanmoins que « de larges fractions au sein du parti s’accordent à dire que le PAM constitue toujours une nécessité sociétale« .

De « grosses pressions »

Hakim Benchamach parle de « grosses pressions« , lorsqu’il évoque ceux et celles qui l’ont poussé à se porter candidat. « A travers cette annonce officielle, j’affirme disposer d’un programme d’action« , enchaîne-t-il. Dans son agenda, il promet de « libérer les énergies au sein du parti, suivant une nouvelle approche de gestion« . Cette dernière reposera sur « la distribution des rôles et missions de chacun » et sur « la complémentarité entre l’ensemble des institutions du parti » en « établissant des cahiers de charges clairs« .

Dans le détail, ce projet est basé, selon le candidat, sur « la conservation des acquis du parti qui, en dépit des coups reçus, a pu marquer un bon nombre de points grâce à ses ressources humaines« . L’autre volet soulevé par Benchamach est celui de « réparer les dommages au niveau organisationnel« . Dans cette optique, il assure « ne souffrir d’aucun complexe d’infériorité » pour reconnaître « des failles au niveau national, sectoriel et régional ».

Une autre opposition

Hakim Benchamach voudrait également « changer le discours d’opposition » du PAM, deuxième force politique du pays, en termes de sièges parlementaires. « Il faut reconnaître qu’au Maroc, le populisme a porté préjudice à l’action politique. Le parti doit mettre un terme à cela » considère-t-il. Sur ce plan, il ajoute que ce mode de discours a poussé de larges franges de la société à ne plus avoir confiance dans l’action politique.

« Actuellement, les enjeux cruciaux de la société, dans le contexte de ses transformations, sont ceux de la dynamique de contestation. Ils doivent cristalliser l’attention du parti. S’il y a une mission que nous devons remplir, ce sera celle de la médiation, puisque les institutions qui lui sont vouées ont disparu » explique le candidat.

Quid des critiques au PAM, notamment à l’égard de la « faiblesse » de son rendement dans l’opposition au gouvernement ? « Une partie des compétences du parti était inhibée, vu la situation de flou dont on a souffert. La discussion autour de la démission d’El Omari a duré plus de 10 mois. Et ceci nous a fait entrer dans un état de confusion » rétorque Benchamach.

Le candidat des « vraies causes »

Hakim Benchamach promet de « donner la priorité aux vraies causes« . En l’occurrence, il cite la tension sociale, l’aspiration des jeunes « constituant 32% de la population« , les seniors « dont le nombre dépasse les 2 millions sans bénéficier d’aucune protection ou couverture sociale« , les habitants du monde rural, les disparités territoriales et la « poursuite dans le traitement des obstacles qui s’opposent à la régionalisation avancée« . Des sujets qui ont « disparu du débat public« .

S’agissant des futures alliances du parti, notamment avec son ennemi juré du PJD, Benchamach estime que « le moment est arrivé pour que le PAM se libère de ses complexes, qu’il félicite le gouvernement lorsque celui-ci apporte des réponses claires et le critique avec la rigueur nécessaire lorsqu’il ne remplit pas ses devoirs« .

Toujours sur ce point, le candidat prévoit un « surpassement pour ouvrir une nouvelle page avec les partenaires politiques« . Prônant une « politique de main tendue« , le candidat appelé à prendre les destinées du PAM espère « travailler loin des bisbilles électoralistes étroites« .Le probable futur patron du PAM prône ainsi « une logique de réconciliation nationale« .

 

 

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