Falloujah, le 13 février 2014. Mon cher Papa, je sais que cette lettre va te faire du mal. Pourtant, je veux te dire combien je t’aime. Papa, je t’ai demandé l’autorisation de passer quelques jours chez tante Safia. Je n’y suis pas allée. Pardonne-moi, je t’ai menti. Avant-hier soir, je suis arrivée en Irak pour rejoindre mon mari. Nous nous sommes connus sur Internet. Il est formidable. Je suis sûre que tu l’aimerais. C’est un responsable régional de l’État Islamique, tu sais, cette armée de volontaires qui s’est constituée pour défendre l’islam et les pauvres […]”. Dès les premières secondes de la pièce Lettres à Nour, le spectateur est happé par un début in medias res et cette lettre introductive du personnage éponyme, interprété par la comédienne Mounya Boudiaf. A l’heure où l’État Islamique (EI) vit ses derniers instants, que l’on discute du sort de ceux partis combattre dans les rangs jihadistes, Rachid Benzine met en scène l’échange épistolaire d’un père, brillant universitaire et partisan d’un islam des Lumières, et de sa fille Nour (lumière en arabe), la vingtaine, étudiante en philosophie partie...
Critique: Lettres à Nour, être ou ne pas lettres
En tournée au Maroc du 2 au 8 mai, Rachid Benzine a connu un franc succès avec sa pièce “Lettres à Nour”, où il donne à voir les échanges épistolaires entre un père brillant universitaire et partisan d’un islam des Lumières, et sa fille partie rejoindre l’homme qu’elle aime, combattant de Daech en Irak. Une représentation plaisante qui met en valeur le texte, au détriment du jeu d’acteurs.
Par Thibault De Seilhac
