Conflit israelo-palestinien: Israël met la pression sur Facebook

Mars 2018. Des centaines de comptes d'activistes palestiniens sont censurés par Facebook. L'agence de presse Safa fait elle aussi les frais de cette politique musclée et voit sa page supprimée malgré ses 1,5 million de followers.

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La CNDP est chargée de vérifier que les traitements des données personnelles sont licites, légaux et qu’ils ne portent pas atteinte à la vie privée, aux libertés et droits fondamentaux. Crédit: Christophe Simon/AFP

Au mois de mars 2018, l’entreprise de Mark Zuckerberg a fermé les comptes de milliers d’activistes et de journalistes palestiniens, parmi lesquels l’agence de presse palestinienne Safa, qui comptait à elle seule 1,5 million de followers.

L’origine de cette nouvelle politique remonte à la fin de l’année dernière. Septembre 2017, une réunion au sommet entre le gouvernement israélien et les dirigeants de Facebook est tendue. Le ministre de la justice israélien Ayelet Shaked, qui la préside, menace ouvertement la plateforme américaine de bloquer le service en Israël si celui-ci ne censurait pas quelque 10.000 comptes et pages palestiniennes annuellement.

L’ONG américaine, Jewish Voice for Peace, affirme d’ailleurs que le gouvernement israélien ne s’embarrasse pas d’affirmer que Facebook fait le travail de la répression en ligne à sa place et déclare « qu’un accord pour la suppression de 12.000 pages palestiniennes a été acté avec le réseau social« .

Des actions dénoncées depuis par des ONG et ayant fait l’objet de nombreuses études depuis leurs mises en application. « Facebook se donne pour mission de rapprocher les gens, mais ce qu’il fait en Palestine c’est d’activement encourager la confrontation« , continue l’organisation américaine. L’ONG lance un appel mondial à interpeller la compagnie de Mark Zuckerberg sur le traitement qu’inflige le réseau social aux internautes palestiniens.

Facebook justifie pour sa part la fermeture des comptes de Palestiniens par la volonté de « stopper les incitations à la violence« . « Ce que fait le réseau social est de réprimer férocement la parole palestinienne sous injonction du gouvernement israélien en confondant activistes et terroristes pour éliminer toute dissension« , rétorque Ari Wohlfeiler pour Jewish Voice for Peace.

Dans le même temps et selon une étude réalisée par 7amleh, le Centre arabe pour le développement des médias sociaux, un post sur 9 publiés sur Facebook sur la Palestine et les Palestiniens contient un « appel à la violence ou des insultes à caractère racial« . Plus inquiétant, en Israël, un post haineux anti-palestinien est publié toutes les 71 secondes!

Paradoxalement, comme l’a rapporté Al Jazeera depuis l’entrée en viveur de la nouvelle politique de modération, « les discours incendiaires publiés en hébreu … ont suscité beaucoup moins d’attention de la part des autorités israéliennes et de Facebook« . Une étude a révélé que « 122.000 utilisateurs ont appelé directement à la violence en usant de mots comme « meurtre » ou « brûler ». Les Arabes étaient les premières cibles des commentaires haineux ».

Mark Zuckerberg, qui fait toujours face au Cambridge Anlytica Gate partout dans monde, ne semble prêt de sortir de la tourmente.

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