Le mystérieux retard de l'appel à candidatures pour le poste de directeur de l’ONMT

Quatre mois après le départ d'Abderrafie Zouiten, la direction de l'ONMT est assurée par un intérimaire. En attendant un appel à candidatures qui devait être lancé il y a trois mois par Mohamed Sajid, deux noms reviennent avec insistance.

Par

Yassine Toumi

Le 29 novembre, une scène peu commune a lieu dans l’hémicycle: Abderrafie Zouiten, patron de l’Office national marocain du tourisme, apprend par voie de presse qu’il n’est plus à la tête de l’Office.

Une situation d’autant plus surréaliste que Mohamed Sajid, son ministre de tutelle, qui se trouvait au même moment au Parlement avec Abderrafie Zouiten, n’avait pas jugé utile de l’en informer. Pris au dépourvu, il apprend, médusé, qu’un intérimaire a été désigné à sa place.

Qu’attend Sajid ?

Une page a ainsi été tournée par Mohamed Sajid, qui devait alors de lancer un appel à candidatures afin de nommer à un successeur à Abderrafie Zouiten. Quatre mois plus tard, rien de nouveau sous le soleil. Sur le portail des emplois publics, il n’existe aucune trace de l’appel à candidatures.

Pourtant, le ministre du Tourisme déclarait le 4 janvier à Médias 24: « L’appel à candidature pour pourvoir le poste à la tête de l’office n’a pas encore été lancé, mais nous travaillons activement sur ce dossier. La loi permet à l’intérimaire de rester en place 6 mois, mais ce ne sera pas le cas, car la procédure de remplacement va être lancée incessamment. Nous essayons de trouver un profil pointu pour que le poste soit pourvu dans deux ou trois mois« . La raison du retard? Du côté du département de Sajid, c’est motus et bouche cousue, malgré nos nombreuses relances.

Selon nos sources, deux noms circulent déjà au sein du ministre du Tourisme. Il s’agit de Salima Haddour, ancienne directrice de l’Office national marocain du tourisme (ONMT) en France, et de Jawad Ziyat, directeur central du ministère du Tourisme de 1997 à 2005, et ancien directeur général de Prestigia.

« Il est anormal que l’appel à candidatures ne soit pas encore lancé pour pourvoir un poste d’une telle importance« , tonne un opérateur. Chargé de promouvoir le tourisme marocain, l’Office dispose d’un budget avoisinant les 600 millions de dirhams.

Un poste sensible

Il faut dire que la relation entre le directeur de l’ONMT et son ministre de tutelle n’a jamais été un long fleuve tranquille. Depuis la Constitution de 2011, le directeur de l’ONMT n’est plus nommé par dahir. Ce qui chamboule la nature de la relation entre l’Office et le ministère.

Les frictions entre les chefs des têtes des deux institutions n’étaient pas rares, avant la nouvelle constitution, car chacun se prévalait d’une légitimité de commis de l’Etat. « La relation a toujours été conflictuelle et elle reste, car le ministre détient l’autorité morale et politique pendant que le DG de l’Office détient l’expertise. L’un est dans sa tour d’ivoire alors que l’autre est aux feux. Et il n’accepte pas qu’un politique n’ayant aucun lien avec le secteur lui donne des leçons« , analyse un ancien cadre du ministère du Tourisme.

Et le « pouvoir de l’argent » n’arrange pas les choses. Avec un budget d’investissement avoisinant le budget de l’ONMT (600 millions de dirhams, bon an mal an), le ministère du Tourisme se contente d’espérer une bonne entente. « Le ministre reçoit l’argent du ministère des Finances et le transfère, c’est une boîte aux lettres. Alors que le patron de l’ONMT est l’ordonnateur, c’est lui qui signe et qui a la prérogative de la dépense« , analyse un fin connaisseur du métier. « Ceci pousse le ministre, depuis le gouvernement Benkirane, à jeter son dévolu sur un directeur de l’ONMT avec lequel il s’entend plutôt bien« , poursuit notre interlocuteur.

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