Malgré les efforts, la formation professionnelle ne prend pas au Maroc

En plus des efforts de l'OFPPT, des initiatives privées tentent de reformer le secteur de la formation professionnelle qui bat sévèrement de l'aile.

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Crédit: MAP
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Former des techniciens spécialisés compétents n’est pas chose aisée. Les insérer professionnellement encore moins. 24,5% des lauréats de la formation professionnelle sont au chômage, contre 16% pour les lauréats de l’enseignement général.

Pourtant, entre 2016 et 2017, 86.000 postes ont été créés, selon les chiffres du Haut-commissariat au Plan, présentés le 27 février lors d’une rencontre organisée par l’Institut européen de coopération et de développement(IECD) au siège de la CGEM.

Paradoxalement, les entreprises peinent à recruter des profils répondant à leurs besoins en compétences. Partant de ce constat, l’IECED  a déployé en 2007, le programme Graines d’Espérance.

D’abord lancé au Liban afin de renforcer la formation et l’insertion professionnelle des jeunes, il a depuis été mis en place en 2013 au Nigeria et en Egypte, puis en 2014 au Maroc et en Côte d’Ivoire, et finalement au Vietnam en 2016.

Dans son sillage, un établissement de formation a vu le jour à Mkanssa. Chapeauté par l’IECD en partenariat avec l’ONG l’Heure Joyeuse, le centre propose depuis la rentrée 2014/2015, à 62 élèves de 15 à 30 ans, une formation par apprentissage d’un an dont 80% du temps est effectué en entreprise. « Et ça marche. Le décloisonnement des entreprises et du monde de la formation fonctionne très bien. Les taux d’insertion du programme Graine d’Espérance au Liban et en Egypte sont respectivement de 97% et 88%, un an après la fin de leur cursus« , affirmait Jean-Louis Barthélemy, directeur du pôle formation et insertion professionnelle à l’IECD lors d’un point de presse tenu le 27 février. « Au Maroc, 6 mois après la fin de la formation, 80% des jeunes étaient insérés. 50% d’entre eux étaient restés dans leurs entreprises d’apprentissage« , continue-t-il.

L’institut projette d’ailleurs de créer une nouvelle école à Nouaceur avant la fin de l’année, les locaux seront eux fournis par l’INDH. « Il n’y avait pas de centre de formation à 20 km à la ronde. Le fait d’en avoir un améliorera l’écosystème de toute la ville », déclare Jean-Louis Barthélemy.

Cadre législatif à réviser

A l’occasion de ses 30 ans, l’IECD a invité ses partenaires, dont l’agence française de développement (AFD), la fondation Schneider Electric, la Fondation Nexans ainsi que les acteurs du domaine. L’évènement, tenu au siège de la CGEM, avait pour objectif d’échanger sur le rôle de la formation professionnelle et plus particulièrement sur le rôle des entreprises.

Il en ressort que de nombreuses initiatives pilotes sont lancées au Maroc pour décloisonner le monde de l’entreprise et celui de la formation. Que ce soit les centres à gestion déléguée ou les instituts de l’industrie automobile (IFMIA), aéronautique (IMA) et industries renouvelables (IFMEREE).

La branche BTP de la CGEM a elle aussi lancé un institut de formation à la conduite d’engins techniques. Le patronat met également en place un observatoire des branches, financé en partie par la taxe d’apprentissage sur la formation professionnelle. Son but est de mener des études sectorielles au profit des fédérations et des associations régionales.

Sur les mécanismes structurels à améliorer pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes, les intervenants ont notamment souligné la nécessité de réviser le cadre légal de la formation professionnelle, de l’apprentissage, l’alternance ainsi que celui de la formation continue.

L’évènement a réuni des professionnels et des experts du monde de la formation professionnelle, représentant les entreprises, la fonction publique, des experts, la société civile et des représentants d’institutions internationales. Eric Baulard, directeur de l’agence française de développement Maroc ou encore Taoufik Cherradi, vice-président de la Commission Formation professionnelle à la CGEM étaient notamment présents.

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