La HACA demande des explications à Chada FM après les propos polémiques du fqih à l'antenne

Le fqih Abderrahmane Essekach avait affirmé sur les ondes de Chada FM qu'une femme pouvait avoir un cancer de l'utérus si elle avait des relations sexuelles extraconjugales.

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Suite aux propos polémiques tenus le 19 janvier par le fqih Abderrahmane Essekach sur les ondes de Chada FM, le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA) va demander des « explications » à la radio privée. Selon une source proche de la direction de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), l’affaire a été discutée lors de la session ordinaire du CSCA ce jeudi. « Le Conseil va demander une explication à la radio concernée avant de prendre une décision« , nous affirme notre source.

Lors de cette émission, le prédicateur avait, entre autres, expliqué qu’une femme se voit « inscrire » le sperme de son mari dans son vagin au cours de sa première relation sexuelle. En cas de rapport extraconjugal, ce « code » ne serait alors pas reconnu et l’épouse contracterait inévitablement un cancer de l’utérus.

Il avait ajouté également que dans le Coran, l’idda – période d’environ 3 mois suivant la mort ou le divorce du mari – aurait été pensée dans le but d’attendre que le code s’efface définitivement.

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Des propos qui avaient créé la polémique sur les réseaux sociaux où la sociologue et féministe Soumaya Naâmane Guessous avait notamment posté, le jour même, un virulent post Facebook dénonçant les propos du fqih.

Le 23 janvier, la chaîne radio avait rejeté les accusations d’extrémisme suite aux propos de son invité. « Certains ont utilisé les déclarations de Mr Sekkach à tort et à travers et lui ont fait dire plus que ce qu’elles ne contiennent« , affirmait alors Chada FM dans un communiqué. La chaîne avait également organisé le lendemain, mercredi 24 janvier, une émission-débat spéciale réunissant la sociologue Soumaya Naâmane Guessous et le prédicateur Fizazi pour « créer un débat apaisé« , nous avait alors expliqué le PDG de la chaîne, Rachid Hayak.

Un débat qui s’est finalement révélé houleux, selon la sociologue. « L’agressivité du fqih s’est transformée en attaques touchant non pas mes idées, mais ma personne, ma foi, ma dignité, mon rôle d’enseignante… L’animateur n’a que rarement réagi pour rappeler le fqih à l’ordre. La rédaction se satisfaisait de l’augmentation exceptionnelle de l’audimat« , a-t-elle expliqué dans une publication postée mardi dernier sur Facebook.

Ce n’est pas la première fois que l’émission Dine Wa Dounia est épinglée par la HACA. Depuis 2015, l’instance a adressé trois avertissements à l’encontre de l’invité Abderrahmane Essekach. Le premier en juillet 2015, pour avoir tenu des propos discriminants à l’encontre des chiites et invité les musulmans sunnites au boycott, tant à l’étranger qu’au Maroc, de toute personne s’étant convertie au chiisme.

Lire aussi : Quelles sanctions pour le fqih qui a affirmé à la radio que le sexe hors mariage provoque des cancers de l’utérus ?

Le second en mars 2016, où il avait notamment déclaré que « quand une femme jouit de nourriture, de vêtements, d’une maison et d’un mari, elle se doit de rester chez elle. Dans le cas contraire, elle devient une pècheresse devant Dieu« . Il avait ajouté que « ces phrases (…) sont directement prises du saint Coran« . Le dernier avertissement date de novembre 2017.

Quelles sanctions possibles ?

Le PDG de la chaîne de radio, Rachid Hayak, avait affirmé à nos confrères de Telquel Arabi, qu’Abderrahmane Essekach n’est « qu’un invité de la chaîne parmi d’autres et non un animateur fixe et qu’il doit donc assumer seul la responsabilité de ses propos« . Il avait ajouté que seule la HACA était « habilitée et autorisée à surveiller le contenu diffusé sur les ondes« .

De son côté, notre source proche de la HACA, nous avait au contraire expliqué que si le CSCA décide de sanctionner, « c’est la radio qui sera censurée pour avoir donné l’antenne à ce type de discours, et non le fqih lui-même. Cela peut donner lieu à un simple avertissement, à une amende ou encore à l’éviction de l’invité de l’émission concernée. Le Conseil peut également imposer à la chaîne de radio un droit de réponse aux parties qui se sont senties outrées – des associations, voire même des personnes« .

Or, le dahir du 31 août 2002, relatif à la création de la HACA, ne précise pas au bout de combien d’avertissements la chaîne sera réellement sanctionnée. « C’est au Conseil d’en décider« , nous avait alors expliqué notre source.

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