Fébrilité à la Maison Blanche après la sortie du livre explosif sur Trump

Après la sortie du livre polémique de Michael Wolff "Le Feu et la fureur : à l'intérieur de la Maison Blanche de Trump" le 5 janvier, sa garde rapprochée monte au créneau. Alors que le chef de la diplomatie défend sa santé mentale, son fils jette l'opprobre sur les médias.

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Le président américain Donald Trump

«Je n’ai jamais remis en cause son aptitude mentale, je n’ai aucune raison de douter de son aptitude mentale», a dit Rex Tillerson lors d’une entrevue sur CNN diffusée vendredi 5 janvier. Celui qui n’a pas démenti personnellement avoir traité en privé le président de «débile» l’été dernier – bien que sa porte-parole l’ait fait – a semblé justifier cette sortie en disant qu’«il n’est pas comme les présidents d’avant».

Son fils Donald Trump Jr. a quant à lui accusé les médias d’anti-trumpiste dans un tweet : «Bizarre que dès que Donald Trump gagne, les médias s’accrochent à tout objet anti-Trump qui brille [quelle que soit sa crédibilité]… »

Stephanie Grisham, la porte-parole de la première dame, Melania Trump, a également dénoncé sur CNN «un travail de fiction», ajoutant que «c’est un tabloïd long format qui colporte des fausses déclarations et des fabrications totales».

Brad Parscale, proche conseiller numérique de Donald Trump pendant sa campagne, a également qualifié de nombreux passages du récit de fake news sur Twitter, affirmant notamment : «J’ai beaucoup vu Donald Trump lire. Il a des piles de dossiers autour de lui».

Ces critiques envers Donald Trump ne sont pas nouvelles. Le livre vient grossir le réquisitoire qu’avaient, en 2015 et 2016, déjà engagé Hillary Clinton et les adversaires républicains de l’homme d’affaires. Plus récemment, le sénateur John McCain a qualifié le septuagénaire de «mal informé» et d’«impulsif». Le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, Bob Corker, a comparé pour sa part la Maison-Blanche à une «halte-garderie pour adultes». «Je sais de source sûre que chaque jour, à la Maison-Blanche, le but est de le contenir», a-t-il dit en octobre 2017.

Au Congrès, la question de l’état psychologique du dirigeant est de moins en moins taboue. Plus d’une dizaine d’élus démocrates (et un républicain) ont ainsi consulté en décembre une psychiatre de l’université Yale qui s’interroge publiquement sur la dégradation mentale du président. «Risible», a répondu la porte-parole de la Maison-Blanche.

Trump a tenté d’interdire la publication du livre

 Jeudi 4 janvier, les avocats de Donald Trump ont demandé, en vain, la non-publication de ce livre, dénonçant des compte-rendus «faux/sans fondement».

Le journaliste au Hollywood Reporter  Michael Wolff , 64 ans raconte les coulisses de la première année au pouvoir de Donald Trump, marquée par un « chaos » permanent. Le résultat d’un an et demi d’enquête et d’entretiens avec des membres du staff de Donald Trump et avec le président lui-même . L’auteur affirme avoir occupé « quelque chose comme une place semi-permanente sur un canapé de l’aile ouest [de la Maison Blanche]« . La porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Huckabee Sanders, a expliqué que Donald Trump n’avait eu qu’une « brève conversation » avec Michael Wolff. Ce que Donald Trump dément dans un tweet :

I authorized Zero access to White House (actually turned him down many times) for author of phony book! I never spoke to him for book. Full of lies, misrepresentations and sources that don’t exist. Look at this guy’s past and watch what happens to him and Sloppy Steve!

Trump serait paranoïaque et n’aurait jamais voulu être président

Parmi les anecdotes sur Donald Trump, le livre de Michael Wolff révèle qu’il n’aurait même jamais eu l’objectif de devenir président. Donald Trump voulait profiter de la campagne pour « renforcer sa marque » et s’ouvrir « des opportunités incroyables ». « Je peux devenir l’homme le plus célèbre du monde », aurait-il déclaré à son conseiller, Sam Nunberg.

L’ambiance à la Maison Blanche serait selon le journaliste délétère : Donald Trump serait fréquemment reclus dans sa chambre dès 18h30, avec un cheeseburger, les yeux rivés sur ses trois écrans de télévision. Un seul ne suffisait apparemment pas et il en aurait fait installer deux supplémentaires. Il multiplierait aussi, tous les soirs, ses appels à un petit groupe d’amis sur lesquels il déverse « un flot de récriminations », allant de la malhonnêteté des médias au manque de loyauté des membres de son équipe.

Il aurait également interdit au personnel de ménage de toucher les objets dans sa chambre, en particulier sa brosse à dents, car il redouterait d’être victime d’un empoisonnement. Selon Michael Wolff, cette crainte serait également à l’origine de son goût prononcé pour McDonald’s. « Il aime manger [dans les restaurants de la chaîne] car personne ne sait qu’il vient et la nourriture est préparée d’avance », affirme le livre.

Raillé pour sa coupe de cheveux, Donald Trump avait laissé plusieurs personnes lui tirer les cheveux pour prouver qu’il ne portait pas de perruque. Ivanka Trump a finalement révélé à ses amis les secrets de la chevelure de son père. « Un sommet du crâne chauve, absolument propre – une petite île limitée grâce à une opération du cuir chevelu – entouré par un cercle de cheveux devant et sur les côtés, qui sont lissés pour couvrir le dessus et fixés avec avec une laque forte ». La couleur orangée serait due à l’impatience de Donald Trump, qui n’attend pas le temps de pose prescrit pour sa teinture « Just for Men ».

Des révélations sur l’affaire russe

Steve Bannon, ancien conseiller spécial de Donald Trump limogé en août 2017, estime que l’entretien en juin 2016 entre le fils aîné du président, des cadres de son équipe de campagne et des interlocuteurs russes, s’assimile à une trahison. Cette rencontre fait l’objet d’une enquête menée par le procureur spécial Robert Mueller sur une possible collusion entre l’équipe de campagne de Trump et la Russie, en vue d’influencer l’élection présidentielle à son profit.

« Les trois personnes les plus importantes de la campagne ont pensé que c’était une bonne idée de rencontrer un gouvernement étranger dans la Trump Tower, dans la salle de conférence du 25e étage, sans avocats », explique Steve Bannon. « Même si vous pensez que ce n’était pas une trahison, pas antipatriotique ou pas une connerie, et moi je pense que c’est tout cela, vous auriez dû appeler le FBI tout de suite. »

Suite à cette révélation, Donald Trump a accusé Steve Bannon d’avoir « perdu la raison » et a entamé une procédure judiciaire dès mercredi soir.

Wolff estime que son mandat pourrait être abrégé

Le journaliste estime que ses révélations vont probablement le contraindre à quitter la présidence des Etats-Unis. « Je pense que l’un des aspects intéressants du livre à ce stade est qu’il a clairement un effet ‘le roi est nu’« , dit-il dans un entretien diffusé samedi par la BBC. « Soudain, les gens se disent partout : ‘Oh mon dieu, c’est vrai, il n’a pas de vêtements !’ C’est le contexte à l’origine du sentiment et de l’idée qui mettront fin (…) à cette présidence« , ajoute-t-il.

Avec AFP

 

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